Nos vies valent plus que leurs profits
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

5. Juliette Coleou

Juliette Coleou, 34 ans, salariée du commerce

Je fais partie de cette génération qui s’est mobilisée en 2006 contre le Contrat Première Embauche du gouvernement De Villepin-Chirac : une mesure censée lutter contre le chômage des jeunes en instaurant une période d’essai de deux ans pendant laquelle le contrat pouvait être arrêté sans motif n’importe quand. C’était la réponse du gouvernement – après l’état d’urgence et les centaines de condamnations arbitraires – à la vague de colère qui avait flambé dans les banlieues en novembre 2005 suite à la mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois. Le retrait de la loi, pourtant adoptée et promulguée, c’était une belle manière de se cheviller au corps la conscience de la force des travailleurs et de la jeunesse quand ils entrent en lutte !

Installée à Marseille depuis cinq ans, je travaille comme vendeuse dans une grande enseigne du commerce du sport. L’inflation qui frappe de plein fouet les classes populaires, on connaît mes collègues et moi : c’est nous qui changeons les prix tous les matins. Nos salaires, en revanche, restent bien accrochés au SMIC qui, même s’il a augmenté, ne permet toujours pas de vivre correctement. Le groupe fait des millions d’euros de bénéfices, mais ce ne sont pas les actionnaires qui se cassent le dos à faire la mise en rayon ni qui courent contre le temps et le sous-effectif dix heures par jour ! Alors le quotidien, ce sont aussi ces discussions entre les rayons, à lutter contre la résignation et tenter de transmettre la confiance dans nos propres forces pour arracher de petites victoires… comme pour transformer toute la société.