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Face aux attaques de Trump contre les classes populaires, le silence des Démocrates et des syndicats

L’administration Trump a ostensiblement expulsé de nombreux migrants afin de créer un climat de peur parmi ceux qui participent pleinement à la société mais ne possèdent pas la citoyenneté américaine. Elle a refusé de s’exécuter quand un juge a interdit les expulsions de migrants vers les prisons du Salvador et exigé le retour des avions militaires utilisés… « Oups, trop tard ! », a rigolé le président liberticide salvadorien, Nayib Bukele.

Attaquer les classes populaires, museler les oppositions

Quand il n’expulse pas de migrants, Trump continue à licencier les fonctionnaires fédéraux par milliers et compte maintenant s’attaquer à Medicare, l’assurance maladie minimale pour tous mise en place par Obama. Si Trump y parvenait, cela se traduirait par la fin des soins pour des millions d’Américains pauvres.

L’administration Trump a donné un avertissement à ses opposants en faisant procéder à des arrestations arbitraires : la vidéo du véritable kidnapping de Rumeysa Ozturk, cette étudiante turque de Boston qui avait critiqué le traitement des étudiants s’opposant à la guerre d’Israël à Gaza, est devenue virale. Les juges, les journalistes, les politiciens qui dénoncent les exactions de Trump sont insultés et menacés de poursuites.

Le Parti démocrate et les syndicats aux abonnés absents

En face, seuls Bernie Sanders et Alexandra Ocasio-Cortez mènent, contre la politique de Trump, une campagne de meetings qui semble réunir beaucoup de monde. Mais Trump se fiche pas mal des protestations verbales et même des manifestations massives ne suffiraient sans doute pas à le faire reculer, nous en savons quelque chose en France ! La seule menace que Trump et son staff de milliardaires pourraient comprendre, c’est une grève de tous les travailleurs au coude à coude, dont personne ne parle.

Quant au Parti démocrate, il attend sagement les élections de mi-mandat, dans deux ans, pour reprendre la majorité au Congrès. Mais Trump gouverne par décrets, sans passer par le Congrès. Que feraient les Démocrates si Trump refusait leurs décisions ? La majorité au Congrès ne donne pas la maîtrise des flics pour les faire appliquer ! Et les fonctionnaires licenciés, les travailleurs immigrés, tous ceux qui dépendent de Medicare peuvent-ils attendre deux ans ?

Du côté des syndicats de fonctionnaires, la brutalité des attaques de Trump semble avoir laissé leurs dirigeants sans voix. Ces gens-là sont habitués aux longues palabres, pas aux brutalités d’un Trump.

Du côté des syndicats du privé, on n’a entendu aucune voix contre la politique de Trump envers les migrants et les fonctionnaires, ce qui en dit long sur ce qu’ils feront, ou pourront encore faire, quand Trump s’en prendra aux conditions de travail et aux salaires de tous les travailleurs. Shawn Fain, le populaire syndicaliste qui a dirigé la grève victorieuse de l’automobile, vient de se déclarer favorable aux tarifs douaniers pour protéger l’industrie américaine. Dans le contexte actuel, c’est un ralliement de fait à la politique de Trump.

Fort heureusement, aux États-Unis, les réactions peuvent être fulgurantes – on songe à la rapidité avec laquelle des millions d’Américains se sont mobilisés après l’assassinat de George Floyd par un flic raciste. Les travailleurs américains n’attendront peut-être pas que les Démocrates se réveillent ou que les bureaucraties syndicales se posent la question de contrer les attaques de l’administration Trump. En tout cas, c’est à souhaiter !

Jean-Jacques Franquier