
Selon l’Insee, six millions d’étrangers vivent en France en 2024, ce qui représente 8,8 % de la population1. N’en déplaise à celles et ceux qui font du racisme leur fonds de commerce, la France arrive plutôt en queue de peloton : la moyenne européenne est de 9,6 % d’étrangers. L’Allemagne en compte 14,5 %, la Belgique 13,8 %, l’Espagne 13,4 %… et le Luxembourg 47,2 %. À croire que ce dernier est bel et bien « grand remplacé » par les exilés fiscaux du continent !
Les immigrés, c’est-à-dire tous ceux qui sont nés étrangers à l’étranger, sont un peu plus nombreux (7,7 millions), car un tiers d’entre eux ont acquis la nationalité française depuis et ne sont plus « étrangers ». Mais, signe des temps, les naturalisations, qui avaient augmenté dans les années 1980-1990, se sont taries au début du siècle, si bien que le nombre d’immigrés naturalisés se réduit. L’acquisition de la nationalité française est devenue un parcours du combattant, encore durci par la circulaire Retailleau de mai dernier, exigeant des connaissances et conditions de ressources qui en feraient perdre leur latin à bien des ressortissants français. Mais bien sûr, les mêmes gouvernements donnent des leçons sur « l’intégration », quand ce sont eux qui empêchent les travailleurs immigrés de vivre normalement, faute de stabilité administrative.
Les chiffres de l’Insee montrent que la part d’étrangers dans la population a progressé ces quinze dernières années, à la suite de la crise économique de 2008 et des guerres impérialistes qui se sont multipliées au Moyen-Orient et en Afrique. Mais l’extrême droite n’a pas besoin de cela pour mettre le chômage et les bas salaires sur le dos des immigrés, pour mieux masquer la responsabilité des grands patrons. Toutes ces années durant lesquelles la famille Le Pen a rabâché ses discours racistes ont été celles d’une grande stabilité de la part des étrangers présents en France. Celle-ci s’est même contractée, de 6,8 % en 1982 à 5,8 % en 2008.
Les démagogues racistes ne se privent évidemment pas de pointer du doigt la couleur de peau ou la religion des nouveaux immigrés. Aujourd’hui, 46 % des étrangers présents en France possèdent effectivement une nationalité africaine, devant les 35 % d’origine européenne et les 13 % d’Asie. Mais quand les immigrés venaient majoritairement d’Europe, les xénophobes trouvaient bien d’autres raisons d’être racistes. Les Italiens, Portugais, Polonais ont aussi eu à subir les quolibets et préjugés en plus de la surexploitation et des conditions de vie dégradées. Les derniers arrivés subissent toujours le plus durement le racisme entretenu par les gouvernements. C’est la conscience de classe des travailleuses et des travailleurs qui peut faire reculer le racisme, en revendiquant la liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous et en forgeant la solidarité internationale des travailleurs. Les patrons exploitent la planète sans frontières pour le capital, mais se servent d’elles pour diviser la classe ouvrière. Alors que les politiciens se servent du racisme comme marchepied pour faire carrière, il est urgent de rappeler qu’aucun humain n’est étranger sur cette Terre.
Maurice Spirz
1 Pariset C., Tanneau P., « En 2024, 6,0 millions d’étrangers vivent en France, 0,9 million y sont nés », Insee Première n° 2076, octobre 2025.