Nos vies valent plus que leurs profits

Frontex, arme de guerre contre les exilés

Avec un budget de 5,6 milliards d’euros pour 2021-2027, soit 900 millions d’euros par an, Frontex est l’agence la mieux dotée financièrement de toute l’UE. Elle dispose de 10 000 gardes-frontières et de toutes les technologies existantes pour traquer les migrants : drones, caméras thermiques, radars mobiles, etc. La surveillance des frontières est en effet devenue la poule aux œufs d’or pour un certain nombre de sociétés spécialisées dans les technologies de détection et de contrôle. Les commandes de Frontex sont la source de honteux profits, alors que cet argent permettrait d’accueillir dignement bien des exilés. C’est un choix politique que fait l’Union européenne, celui de les présenter comme un danger, qu’il faut refouler à tout prix. Ce n’est pas un hasard si l’ancien directeur de Frontex, Fabrice Leggeri, mis en cause pour violations avérées des droits humains, est actuellement candidat aux Européennes sur la liste RN. Mais sous son nouveau directeur, l’action de Frontex reste la même : refoulements illégaux à la frontière de la Bulgarie, « push back » d’embarcations en péril de la Grèce vers la Turquie, communication d’informations aux gardes-côtes libyens pour qu’ils interceptent des bateaux. L’Union européenne confie la surveillance de ses frontières à des pays tiers comme la Turquie, la Tunisie ou la Libye, et leur verse des subventions pour qu’ils retiennent les migrants, alors que les violences à leur égard sont avérées. Le secours en mer est actuellement assuré uniquement par quelques ONG, qui rencontrent les plus grandes difficultés à mener leur action. Selon les chiffres du projet « Migrants disparus » (Missing Migrants) de l’Office international des migrations, entre janvier 2014 et avril 2024, 29 442 migrants sont morts ou ont été portés disparus au cours d’une tentative de traversée de la Méditerranée. Près de 3 000 migrants par an. Et il ne s’agit ici que des chiffres connus, les véritables chiffres étant sans doute bien plus élevés. Rendre les frontières toujours plus difficiles à franchir ne les rend que plus dangereuses. Une politique criminelle, qui ne vise qu’à faire des exilés les responsables de tous les maux engendrés par le capitalisme, et qui maintient beaucoup d’entre eux dans des conditions de vie et de travail proches de l’esclavage.

 

 


 

 

Cet article est paru dans le dossier du numéro 13 de Révolutionnaires.

DOSSIER : Sans patrie ni frontières, une seule classe ouvrière, non à l’Europe forteresse !

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