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Fronts militaires entre l’Ukraine et la Russie : billets aller, sans retour

Vladimir Poutine espère que le printemps 2024 sera celui de sa réélection à la présidence de la fédération de Russie pour un cinquième mandat et près de trente ans possibles de règne. Il peut y prétendre grâce à une réforme constitutionnelle qu’il a fait adopter en 2020 et qui lui permet de gouverner à vie. Son règne avait été inauguré par une terrible guerre en Tchétchénie, pour empêcher cette petite République du Caucase nord de faire sécession ; il est marqué aujourd’hui par les suites de l’invasion guerrière de l’Ukraine en février 2022, un grand pays voisin, indépendant depuis 1991, qui cherche à se tourner vers l’Ouest, et que l’impérialisme russe voudrait garder dans son giron. D’où l’invasion militaire russe, tandis que les États-Unis et les puissances impérialistes occidentales à sa suite soutiennent l’armée ukrainienne. Les ravages, après bientôt deux ans de guerre, se chiffrent par près de 500 000 victimes au total dans les deux camps : 190 000 côté ukrainien (dont 70 000 soldats et 10 000 civils morts) et 300 000 du côté des soldats russes (dont 120 000 morts)1. En Ukraine même, où les combats continuent dans l’est du pays (dont quelque 20 % sont occupés par l’armée russe), les désastres pour les classes populaires vont au-delà des chiffres : villes et villages en ruines, devenus fantômes, tout particulièrement autour de l’ancienne cité industrielle d’Avdiïka dans le Donetz, économie désorganisée, misère accrue dans un hiver glacial. De telle sorte qu’aussi bien en Ukraine qu’en Russie des mouvements de femmes s’enhardissent pour demander le retour de leurs maris ou de leurs fils des fronts.

Une économie de guerre sur le dos des travailleurs

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés comptabilisait près de huit millions de réfugiés ukrainiens, essentiellement dans des pays d’Europe, dont la Pologne et l’Allemagne, surtout des femmes et des enfants puisque les hommes entre 18 et 60 ans, mobilisables, ont interdiction de quitter le pays. Ce sont bien sûr les travailleurs et les plus pauvres des campagnes qui font les frais de l’économie de guerre et de la loi martiale. Le régime de Zelensky, qu’en particulier un milieu syndical et de gauche (même si ce milieu est faible) n’a jamais porté dans son cœur, est de plus en plus sérieusement critiqué voire haï. Mais, s’il s’illustre depuis des mois par des limogeages spectaculaires de dignitaires corrompus, dont des ministres et gradés de l’armée, c’est surtout pour satisfaire aux critères d’intégration à l’Union européenne (UE) bien plus que de prétendue lutte contre la corruption. Une belle hypocrisie en réalité, car ce sont des concurrences et intérêts économiques qui ferment à l’Ukraine les portes de l’Europe, comme l’illustre le dur conflit en cours entre les transporteurs routiers polonais (qui dominent le marché européen) et ceux qu’ils considèrent comme leurs concurrents, les transporteurs ukrainiens auxquels ils ont fermé les postes-frontières, provoquant des dizaines de kilomètres de bouchons et une situation critique. Après une guerre des céréales qui a fait rage aussi. Une UE des droits de l’homme ? Vaste foutaise ! Bien plutôt une Europe capitaliste de guerre économique pour des marchés… menée même par la Pologne contre l’Ukraine dont elle se dit alliée contre la Russie de Poutine !

Aide occidentale… aux multinationales de l’armement !

Les classes populaires d’Ukraine ont tout autant à se défier de l’aide militaire et financière qu’apportent à Zelensky les puissances impérialistes occidentales, derrière les USA. Aujourd’hui, en Ukraine, malgré l’extrême dureté de la situation de guerre et la colère populaire montante contre les « planqués » et profiteurs appartenant aux classes possédantes, qui continuent à s’engraisser à l’arrière, 84 % des sondés s’opposeraient à toute concession territoriale à Moscou. Il est évident que l’aide militaire occidentale – tout importante qu’elle soit – ne permet pas de repousser l’armée russe hors du territoire. À voir aussi ce que sera la note à payer ! En revanche, elle permet un remodelage des circuits financiers et économiques en Europe et au-delà. Au profit essentiellement des multinationales américaines de l’armement, des hydrocarbures, du nucléaire civil et autres. Nous avons toujours reconnu au peuple ukrainien le droit de se défendre avec les armes de son choix, mais toujours aussi dénoncé le fait que les manœuvres des grandes puissances occidentales n’avaient pas pour but de l’aider, uniquement d’assurer leurs intérêts économiques et leurs profits. La situation l’illustre dramatiquement. Pour les prolétaires d’Ukraine, la seule et vraie arme demeure celle d’une politique de classe par laquelle ils s’adresseraient aux prolétaires et jeunes de Russie, leurs frères et sœurs de classe. Par laquelle ils s’organiseraient eux-mêmes pour le retrait des troupes russes d’Ukraine en dénonçant explicitement les buts de guerre de Poutine ; mais par laquelle ils dénonceraient aussi les buts économiques et géopolitiques des prétendus alliés occidentaux auxquels Zelensky les soumet. Poutine, l’instigateur de cette guerre meurtrière, mais aussi Biden, Scholz et Macron, de leur côté gros pourvoyeurs de joujoux de guerre, contribuent à une dangereuse militarisation du monde, contre laquelle les travailleurs et les jeunes doivent se mobiliser, en France aussi.

Troupes russes, hors d’Ukraine !

Pour cela, « Travailleurs de tous les pays, unissons-nous ! »

Michelle Verdier et Aurélien Pérenna, 4 décembre 2023

 
(Article paru dans le numéro 8 de Révolutionnaires)
 


 

 

1  En termes de bilan n’existent que des estimations ; celles-ci émanent de l’ONU et de sources américaines fournies par le New-York Times du 18 août dernier. Le régime ukrainien ne communique pas sur les pertes militaires.