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Gaza transformée en no man’s land

Lundi 14 avril, Israël a transmis au Hamas par l’intermédiaire de l’Égypte une proposition de trêve. Mais quelle trêve ? Alors que l’armée intensifie ses opérations à Gaza, multiplie les interventions en Cisjordanie pour chasser les Palestiniens de chez eux et implanter de nouvelles colonies, et étend du côté de la Syrie son territoire, en élargissant la zone du plateau du Golan qu’Israël avait conquise par sa guerre de 1967.

Netanyahou est sûrement quelque peu gêné par les protestations qui se sont multipliées en Israël depuis qu’en rompant, il y a un mois, l’accord de trêve signé en janvier, il a interrompu à mi-chemin le calendrier négocié de libération des otages. D’autant que ces manifestations, bien que toujours limitées au seul problème des otages, se sont doublées d’un mouvement de réservistes refusant leur ordre de mobilisation.

Mais c’est la guerre qu’il intensifie. Son objectif est de rendre Gaza totalement invivable pour finir par en chasser la population. Après avoir détruit plus de 70 % des habitations, l’armée israélienne créée de vastes no man’s lands : la zone dite « de sécurité » le long de la frontière entre Gaza et Israël, zone interdite de 300 mètres de large du nord au sud de la bande, contrôlée par l’armée, a été élargie de 1 à 1,5 kilomètre, pour une bande de Gaza d’à peine 6 à 12 kilomètres de large. De nouveaux corridors, routes réservées à l’armée d’occupation, ont été tracés au milieu des ruines, coupant du reste du territoire la zone de la ville de Rafah au sud, encadrant et isolant au nord la ville même de Gaza. Dans cette bande de Gaza d’à peine 360 km2, entre ce qu’Israël a nommé sa « zone tampon » et les zones où l’armée a donné récemment l’ordre d’évacuation, c’est 65 % du territoire qui est aujourd’hui zone interdite.

Faute d’avoir l’assentiment des pays voisins, l’Égypte et la Jordanie, pour expulser chez eux les 2 millions de Palestiniens vivant à Gaza, c’est en affamant la population, en rendant le ghetto invivable qu’Israël escompte en obtenir l’exode. Cette intensification de la guerre montre toute l’hypocrisie de ceux qui, comme Macron récemment, tout en soutenant depuis le début Israël, se disent inquiets, partisans d’une prétendue « solution » par « la reconnaissance d’un État palestinien » qui ne serait que la gestion du ghetto de Gaza en ruine par on ne sait quelle autorité garde-chiourme.

L’intensification du génocide à Gaza, des expulsions et de l’occupation militaire en Cisjordanie, de la politique expansionniste d’Israël, et l’hypocrisie de nos gouvernants qui le soutiennent, nécessitent toujours plus que nous manifestions notre solidarité avec le peuple palestinien sous les bombes.

15 avril 2025, Olivier Belin