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Grandes puissances et dirigeants arabes face à la guerre à Gaza : politique criminelle et hypocrisie au pouvoir

Dans le soutien apporté à la guerre menée par Israël, Macron détient la palme d’or de l’hypocrisie : le 2 décembre, depuis Dubaï où il était pour la COP 28, il prêchait un peu de modération, « un cessezle-feu durable », arguant qu’avec « la destruction totale du Hamas » voulue par Israël « la guerre durera dix ans ». Quelques semaines plus tôt, il jetait plutôt de l’huile sur le feu : il proposait de raviver, contre le Hamas, la coalition internationale qui avait été créée en 2014 contre l’État islamique. Ce dont n’avaient l’intention ni les États-Unis, initiateurs de la coalition de 2014, et encore moins les États arabes qui en avaient fait partie.

C’est bien à l’image du soutien inconditionnel qu’apportent les grandes puissances occidentales à la politique d’Israël, tout en exprimant d’un autre côté leur inquiétude que la surenchère du gouvernement d’extrême droite mené par Netanyahou ne finisse par déstabiliser la région. Ainsi, l’un des porte-paroles de la Maison-Blanche, John Kirby, a demandé à Israël de mener ses opérations « de la manière la plus discrète, délibérée, prudente et attentive possible ».

Avec Trump, les États-Unis avaient encouragé Netanyahou à achever la colonisation de la région du Jourdain et à annexer totalement Jérusalem pour en faire la capitale d’Israël. Biden avait garanti qu’il ne reviendrait pas sur ces engagements. Dès le déclenchement de la guerre à Gaza, il a apporté à Israël son appui, dépêchant une flotte au large de ses côtes, à la fois pour assurer un soutien logistique à l’armée israélienne et pour dissuader les pays voisins de toute tentative d’aide, même symbolique, aux Palestiniens.

Mais en responsables de l’ordre impérialiste dans la région, les États-Unis tablent à la fois sur un Israël surarmé pour servir de flic contre les peuples pauvres, et sur une alliance avec les dictatures de la région. Ils ont poussé ces dernières années au rapprochement entre gouvernements israélien et arabes, ce qui a abouti aux « accords d’Abraham » signés par l’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis et Bahreïn, le Maroc et le Soudan. L’offensive d’Israël contre le peuple palestinien bouscule cet échafaudage. Le problème s’est d’emblée posé avec le régime égyptien qui n’a pas la moindre envie de voir arriver sur son territoire plus de deux millions de Palestiniens expulsés de la bande de Gaza par l’armée israélienne, quand bien même les États-Unis s’engageraient à financer l’installation de camps pour eux dans le Sinaï égyptien. D’autant que le maréchal al-Sissi a déjà à faire face à une population égyptienne elle-même victime de la hausse vertigineuse des prix et qui a toujours vu les Palestiniens comme ses frères. Quant au roi de Jordanie, allié de tout temps des États-Unis, il se trouve face à des manifestations massives de soutien à Gaza dans les principales villes du pays où la population est elle-même en grande partie d’origine palestinienne.

Ces gouvernants du monde arabe se sont retrouvés le 11 novembre à un sommet de la Ligue arabe et, le lendemain, à celui de l’Organisation de la coopération islamique. Ils se devaient d’y condamner « l’agression israélienne ». D’un commun accord ils se sont refusé à élaborer le plan de gestion de l’après-guerre que leur demandait le secrétaire d’État américain Antony Blinken : c’est-à-dire offrir une solution à Israël pour gérer Gaza ou accueillir eux-mêmes les Palestiniens expulsés. Mais aucun parmi ceux ayant noué des relations avec Israël n’a eu envie de les remettre en cause, et aucun d’utiliser l’arme du pétrole pour faire pression sur Israël. Seul l’Iran, présent au second sommet, y est allé de ses déclarations anti-américaines : pure démagogie d’une dictature dont les principaux responsables participaient aux manifestations pro-palestiniennes dans les rues de Téhéran, histoire de faire oublier les immenses protestations qui ont suivi l’assassinat il y a un an de Mahsa Amini par la police des mœurs ou les grèves qui se sont multipliées face à la hausse des prix et aux salaires impayés.

Si les Palestiniens peuvent attendre un soutien, une solidarité dans la région, c’est de la part des populations en butte à la misère imposée par des régimes dictatoriaux, des populations qui ont su se dresser à l’occasion des Printemps arabes de 2011, de la révolte de 2019 au Soudan ou de celle de 2019-2020 au Liban contre la corruption et le confessionnalisme.

Olivier Belin

 

(Article paru dans le numéro 8 de Révolutionnaires)