Nos vies valent plus que leurs profits

Grève à l’Alhambra (Grenade) : « pour que personne ne soit laissé pour compte » !

À l’Alhambra, second monument de l’État espagnol en termes de visites (8 500 entrées par jour) un mouvement social est en cours contre des licenciements.

Nous avons discuté avec Carmina, représentante du syndicat CSTA qui anime la lutte des travailleurs pour leur réintégration.

Peux-tu nous expliquer la raison de ces mobilisations ?

Depuis des années, nous sommes en lutte contre des contrats frauduleux. La région emploie abusivement des travailleurs précaires. Nous avons obtenu au tribunal une décision qui oblige la direction à les intégrer. L’Alhambra a donc ouvert ces postes… mais n’a pas titularisé les personnels précaires qui les occupaient depuis des années. Et trente d’entre eux se sont retrouvés sans emploi. Sous couvert de « déprécarisation », des agents qui ont travaillé plus de vingt ans à l’Alhambra ont été mis dehors !

Quelle est la revendication des travailleurs ?

Nous luttons pour qu’ils retrouvent un contrat, et pour que personne ne soit laissé pour compte. Surtout qu’il manque du personnel : l’Alhambra est ouverte sept jours sur sept, et il faut être très nombreux pour faire face aux besoins.

Combien de travailleurs sont concernés ?

Une trentaine en tout.

Quelle a été la réponse des syndicats ?

Il y a cinq syndicats qui siègent au comité d’entreprise.

Mais la plupart ne sont pas combatifs et achètent les travailleurs. Les assemblées syndicales ne sont pas participatives mais informatives.

Quand nous [le CSTA] avons proposé de combattre les licenciements en assemblée de travailleurs et travailleuses, les Comisiones obreras ont quitté la salle en disant que c’était trop tard et qu’ils étaient déjà virés. L’UGT est restée mais pour dire que rien n’était possible.

La CGT et le CSIF se sont déclarés pour une mobilisation, sans agir. Puis le CSIF a expliqué avoir été invité au Parlement par le PSOE [PS] pour la réintégration de leurs adhérents, quoi qu’en pense l’AG. Ils sont donc sortis du cadre unitaire et ont été jusqu’à se réunir avec Vox [extrême droite]… À l’heure actuelle, ils n’ont toujours pas été réintégrés.

La CGT a commencé à dire que c’était impossible et que les travailleurs ne suivaient pas. Et même si la grève a été votée majoritairement ils ont quitté le mouvement aussi.

Nous on a toujours dit que c’était possible. On a fait seuls la troisième AG, qui a de nouveau approuvé la grève. On a fait des rassemblements et obtenu une forte couverture médiatique.

En voyant cela, tous les syndicats du CE se sont réunis et ont approuvé les trois revendications de l’AG : réintégration, pas de privatisations, augmentation des effectifs. Et ils ont même inclus deux points supplémentaires, notamment sur les salaires.Maintenant, ils appellent à une assemblée générale le 30 avril pour que les travailleurs votent une grève sur ces cinq points au mois de mai.

Nous avons donc voté en assemblée pour annuler la grève prévue le 15 avril et nous concentrer sur le mouvement de mai.C’est par la mobilisation que nous avons réussi à forcer les autres syndicats à agir et à convoquer cette assemblée !

15 avril 2025. Propos recueillis par Pedro Valencia