Les conducteurs de bus de Transdev Nord Seine-Saint-Denis sont en grève depuis le 4 décembre : une centaine sur environ 500 salariés. Depuis deux jours, une dizaine de lignes sont quasiment paralysées. Les non-grévistes ne sont par ailleurs pas pressés de rejoindre un réseau bondé et des usagers en colère devant les perturbations du trafic… Faire entrer plus de non-grévistes dans ce mouvement est un des enjeux : ça pourrait avoir un bien plus grand effet sur le réseau et sur le patronat. Celui-ci envoie les flics qui, malgré leur réputation bien méritée dans le 93, se plaignent avec les conducteurs au sujet de la majoration des heures supplémentaires !
Cette nouvelle entité Transdev est née de la fusion de la TRA et de Keolis CIF dans le cadre de l’ouverture à la concurrence. Comme ailleurs, ce sont les salaires et conditions de travail qui préoccupent les conducteurs. Les lignes desservies par ces dépôts traversent les quartiers parmi les plus populaires du 93. Mais c’est surtout une série d’avantages acquis par les luttes passées, différents entre les deux anciennes entités, que Transdev entend attaquer. Les conducteurs actuels verraient certaines primes disparaître pour une prime différentielle calculée sur les 12 derniers mois seulement, leurs salaires gelés pour des années quand leurs rémunérations actuelles (avec les majorations d’ancienneté) sont supérieures à ce que le minimum conventionnel prévoit. Alors il faudra plus de grévistes pour faire plier Transdev… mais cette grève dans une des entreprises de transport public parmi les plus importantes de la région parisienne est riche de ses possibilités d’extension.
Philippe Caveglia, 5 décembre 2023