Interview des Atsem (Agentes et agents territoriaux spécialisés, qui travaillent auprès des enseignants de classes maternelles) en grève à Lormont
Notre colère couvait depuis longtemps. Depuis des années, la hiérarchie nous méprise, nous utilise comme bouche-trous, nous en fait faire toujours plus… Nos conditions de travail sont épuisantes, d’autant plus dans ce secteur difficile classé en REP+ (réseau d’éducation prioritaire renforcé).
La semaine scolaire est repassée à quatre jours à la rentrée. Mais le maire nous impose une semaine de cinq jours, avec des mercredis travaillés où nous sommes soit sur nos écoles pour du ménage, soit dans les centres de loisirs à la restauration. Nous n’avons jamais été consultées, pas plus que les représentants syndicaux.
Que revendiquez-vous ?
La même semaine de quatre jours que les enseignantes et enseignants avec lesquels nous travaillons. La reconnaissance de notre qualification, le CAP petite enfance. Nous considérons que les centres de loisirs, pendant les semaines de classe, n’entrent pas dans nos missions. C’est nous les premières concernées pour décider comment organiser nos semaines, ce que refuse d’entendre le maire. Nous voulons des journées un peu plus longues mais moins concentrées, moins stressantes et fatigantes, plus de temps auprès des enfants et le mercredi de repos.
Comment vous êtes-vous organisées ?
Nous avons fait trois semaines complètes de grève de la restauration scolaire, entre midi et 14 heures, à 37 sur 46 Atsem, puis des journées plus éparses. Nous sommes soutenues depuis le début par les syndicats CGT-territoriaux, Educ’Action et la FSU. Tous les midis, nous nous retrouvons pour pique-niquer et tenir notre assemblée devant la mairie de Lormont. Nous y avons confectionné notre banderole et nos pancartes pour participer aux manifestations des 10 et 18 septembre. Nous avons aussi le soutien de nombreux parents, enseignantes et enseignants.
La mairie a tout tenté : division, chantage, menaces, dénigrement de notre grève auprès des parents. À notre troisième semaine de grève, le maire a sorti une note de service qui nous interdit de ne faire que deux heures de grève par jour. Nous en demandons la suspension par un référé au tribunal.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
La mobilisation continue, avec la poursuite de la grève des centres de loisirs le mercredi.
Nous étions en grève le 9, journée nationale de la santé et de l’action sociale. Nous avons appelé à un rassemblement devant la mairie auquel se sont associées des Atsem grévistes d’autres communes. Le maire n’a pas encore cédé à notre revendication, mais nous avons déjà gagné. Nous sommes sorties du silence. On n’avait aucune expérience, c’est la première fois qu’on fait une grève où c’est nous qui décidons de tout. Nous avons affirmé la légitimité de nos droits et relevé la tête. C’est déjà une grande victoire.
Propos recueillis par Christine Héraud
Caisse de grève : https://www.leetchi.com/fr/c/caisse-de-soutien-pour-les-atsem-de-lormont-1806752