Nos vies valent plus que leurs profits

Grève des conducteurs des porte-véhicules à Stellantis

Pour pallier les retards de livraison des véhicules, Stellantis a monté une filiale de transport il y a quelques mois. Il a fait appel à des volontaires dans les ateliers de ses usines pour passer le permis poids lourd et les faire embaucher dans sa filiale de transport. Stellantis a fait la promesse de salaires de plus de 5000 euros par mois pour les chauffeurs qui acceptaient de découcher et de faire des heures supplémentaires.

Il y a eu 150 ouvriers, venant des ateliers de plusieurs sites, qui ont suivi la formation. Mais maintenant, Stellantis essaie de forcer les routiers à accepter un nouvel accord et de rentrer dans la convention collective des transports, leur faisant quitter ainsi la convention de la métallurgie, beaucoup plus favorable : ils perdraient la prime mensuelle de détachement longue durée de 800 euros par mois, la prime de rentrée, d’ancienneté, le treizième mois et l’intéressement. Les horaires hebdomadaires passeraient à 50 heures ou 56 heures par semaine contre 42 heures actuellement pour une perte de salaire d’environ 1000 euros par mois. Rouler plus pour gagner moins ! Stellantis prend les chauffeurs en otage, leur disant : soit vous acceptez, soit vous démissionnez, soit vous retournez à l’atelier !

Lundi 20 octobre, il y a quelques jours déjà, des routiers de Stellantis Valenciennes, Hordain et Poissy (12 chauffeurs sur 15) s’étaient mis en grève une journée et avaient décidé d’attendre l’entrée en grève des chauffeurs des autres sites.

Lundi 27 octobre, 40 % (61 grévistes sur 150) des routiers de la filiale Drive for You à Sochaux, Mulhouse, Rennes, Hordain, Valenciennes et Caen se sont mis en grève contre le changement de leur convention collective. 24 routiers à Sochaux et 19 (sur 24) à Mulhouse se sont mis en grève et ont constitué des comités de grève.

À Mulhouse, la moitié du site est en chômage technique pour toute la semaine, mais des délégués CGT des usines ont rejoint les routiers grévistes.

Un seul camion est parti ce matin-là de Mulhouse. Les autres non grévistes sont des salariés en arrêt maladie. Ils se sont retrouvés ce matin à 6 heures pour discuter des revendications, du contrôle de la grève par les grévistes. La direction de Stellantis a mis la pression pour dire qu’ils n’avaient pas à rester sur le site s’ils étaient en grève. Vers 8 heures, ils ont accompagné collectivement un des chauffeurs convoqué pour une mesure disciplinaire. Puis ils se sont à nouveau réunis pour décider de la reconduction de la grève pour mardi. La grève pour le lendemain à Mulhouse a été votée à l’unanimité moins une abstention. La majorité des gars sont pour aller jusqu’au bout. Si la direction Stellantis ne recule pas sur son accord, la majorité des grévistes parle de retourner travailler dans les ateliers.

Le lendemain, mardi, les chauffeurs routiers de Mulhouse se sont rendus dans une salle près de Montbéliard pour discuter avec les grévistes de Sochaux autour d’un barbecue. Puis ils ont revoté la grève pour mercredi et ils sont allés distribuer un tract du « comité des chauffeurs de Sochaux et Mulhouse » à trois entrées du site de Sochaux. Là, la direction Stellantis avait mis le paquet pour les recevoir : en tout, une trentaine de cadres sur les trois portes les attendaient, appuyés par les flics. L’accueil des travailleurs de Sochaux n’en a été que plus chaleureux et sympathique.

Mercredi ce seront les grévistes de Sochaux qui feront le déplacement à Mulhouse pour s’adresser avec les grévistes mulhousiens aux travailleurs du site de Mulhouse qui ne sont pas en chômage technique cette semaine, c’est-à-dire 2000 salariés répartis sur deux équipes.

Stellantis a voulu encore gratter un peu plus sur le dos des routiers pour faire encore plus de bénéfices, mais là, avec ses mensonges et ses fausses promesses, elle est tombée sur un os.

Correspondant, mardi 28 octobre 2025