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Guerre en Ukraine : escalade guerrière, mais escalade diplomatique aussi !

Les dimanche 24 et lundi 25 novembre ont connu une nouvelle intensification de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, avec de nouvelles frappes de missiles, roquettes et drones russes sur les villes ukrainiennes de Kharkiv, Zaporijia et Odessa. Le jeudi 21 novembre, c’était le tir par Moscou d’un missile balistique hypersonique, armé de charges conventionnelles, sur la ville de Dnipro. Ces tirs prétendaient riposter à des tirs ukrainiens de missiles contre des bases ou dépôts militaires russes dans les régions russes de Briansk et de Koursk. Le 17 novembre, Biden avait finalement autorisé Zelensky à utiliser des missiles américains de longue portée ATACMS contre le territoire russe, de même qu’il avait annoncé la livraison à l’Ukraine de mines antipersonnels – le pays étant déjà largement miné par ces engins aux effets humanitaires catastrophiques, proscrits par 164 États dans le monde. Cette brutale accélération du conflit et son lot supplémentaire de victimes et de destructions intervient alors même que Trump, élu à la Maison-Blanche, a fait la une avec sa prétention de régler en « 24 heures » le conflit ukrainien avec Poutine. Et alors même que Scholz, le chancelier allemand, s’est aussi distingué (au grand dam de Zelensky) en se targuant d’avoir eu Poutine au bout du fil pendant une heure – sans que personne ne sache pour dire quoi.

On en est au millième jour d’une guerre qui pourrait avoir fait près d’un million de morts et blessés, militaires et civils. L’armée russe occupe 20 % du territoire ukrainien, et l’armée ukrainienne – pourtant aidée par les États-Unis et ses alliés de l’Otan – ne parvient pas à la contenir. L’intensification de l’escalade guerrière n’est pas contradictoire avec la recrudescence de contacts affichés ou occultes en vue de négociations dites de cessez-le-feu ou de paix. Mais sur la base de rapports de force sur le terrain, d’où l’exacerbation et la poursuite d’une guerre pour encore de longs mois, voire années.

L’escalade guerrière n’est d’ailleurs pas contradictoire non plus avec des ébauches de partages territoriaux de l’Ukraine qui circulent. Zelensky lui-même, dont l’armée est exsangue, et une partie de la population ukrainienne qui n’en peut plus de cette guerre, avaient admis la légitimité d’une gestion « diplomatique ». Des commentateurs occidentaux viendraient presque aujourd’hui à la rescousse de Poutine en affirmant qu’il lui reviendrait immanquablement le Donbass et la Crimée – qu’il occupe déjà. La rumeur de plus en plus forte d’un « désengagement américain » (mais pas en matière de ventes d’armes et de gaz à l’Europe) vient mettre ouvertement sur les rangs la responsabilité qui reviendrait aux États européens de s’inviter dans un partage, de fait entre rapaces. Ainsi Le Monde du 26 novembre annonce que des contingents militaires, entre autres britanniques et français, pourraient être disposés en forces d’interposition aux nouvelles frontières de l’Ukraine avec la Russie. À ces contingents européens, après un accord de découpage de l’Ukraine, d’assurer un rôle de garde-frontières.

Autant de calculs mortifères sur le dos des travailleurs et des peuples, que ceux-ci ne pourraient déjouer qu’en s’organisant autour de leurs intérêts de classe.

Aurélien Pérenna