Le 5 juillet, un homme se présente au commissariat de Compiègne pour avoir tué à la hache Angelina, sa concubine. Le 10 juillet, à Clamart cette fois, un autre homme est interpellé pour le meurtre de Géraldine, une prostituée avec laquelle il avait pris rendez-vous dans un hôtel parisien. Leurs victimes : deux femmes trans. Elles s’ajoutent à la longue liste des meurtres transphobes, tristement commémorés le 20 novembre de chaque année lors de la Journée du souvenir trans, mais aussi des féminicides.
Pour de nombreuses personnes LGBT et féministes, l’atrocité de ces deux drames survenus la même semaine choque. Bien conscientes pour certaines qu’il ne s’agit pas de faits divers mais bien d’une illustration de la violence patriarcale, dont la violence conjugale et la prostitution sont les représentations les plus notables. N’en déplaise aux Moutot et Stern, autrices du torchon réac Transmania paru en avril dernier : elles qui prétendent que les femmes trans sont des hommes, épargnées par la misogynie (qui les touche en réalité encore plus violemment)… voire même qu’elles en seraient responsables !
Les responsables, ils sont à chercher d’abord du côté des médias bourgeois. Ceux qui ont fait la promotion de Transmania par exemple, comme CNews et Valeurs Actuelles. Histoire d’alimenter la haine qui fait qu’un homme se retrouve à tuer une femme en découvrant qu’elle est trans… Mais aussi comme BFM Paris, qui reprenaient hier leur phraséologie transphobe et sensationnaliste, en parlant d’une des femmes trans tuées comme d’un homme !
Derrière ces chiens de garde, c’est le pouvoir des capitalistes qu’il s’agit de préserver : la panique morale anti-trans, c’est leur nouveau ressort réactionnaire, avec le racisme, pour diviser les travailleurs et les travailleuses. Pas un hasard donc si les politiciens à leur service sont aussi de plus en plus à l’offensive, l’extrême-droite en tête bien sûr… Mais également Macron qui il y a moins d’un mois a déclaré trouver « complètement ubuesque d’aller changer de sexe en mairie ». Ou encore à gauche Ruffin, qui l’an dernier estimait que le libre changement de genre « n’était pas une priorité », au risque de « fracturer la société ». Fracturons-la, si : en deux classes qui s’opposent ! Et si « fractures » il y a dans la nôtre, ce n’est certainement pas à cause de celles et ceux qui en subissent les frais en premier.
Pour protéger les victimes des violences misogynes et transphobes, on pourrait mettre à l’ordre du jour un travail (par la baisse de temps de travail et des embauches massives) et un salaire dignes pour toutes et tous, pour ne pas avoir à dépendre de conjoints violents, ni de la prostitution et de « clients » assassins. Ou bien encore le financement de structures d’hébergement, de la santé et des parcours de transition… Autant de choses qui ne permettent pas de faire du profit pour les capitalistes ! Hommes ou femmes, trans ou non, nous luttons contre les mêmes ennemis. Alors affirmons-le : halte à la haine transphobe et misogyne ! Le sexisme et la transphobie sont des poisons : le remède, c’est nos luttes et notre solidarité !
Claire Lafleur