Deux files d’attente s’accumulent à l’hôpital Beaujon : les usagers dont la prise en charge se complique de jour en jour et… les soignants, qui viennent récupérer les assignations au bureau des « réquisitions ». Au prétexte de régler les problèmes de plannings, la direction impose aux soignants d’aller boucher les trous dans les autres services. Des mobilités forcées érigées en véritable système, pour ne surtout pas avoir à embaucher. En plus de l’épuisement, ce système met en danger les agents, contraints d’aller travailler dans des services sans connaître les procédures, et aussi les patients, puisque la qualité des soins ne peut qu’être impactée.
Face au mépris de la direction vis-à-vis de la colère des soignants, la grève tient bon. Effrayée par la mobilisation, les directeurs font d’ailleurs pression pour retirer les banderoles et les mentions « en grève » sur les blouses : cela rendrait anxieux les patients. Mais, au contraire, ceux-ci soutiennent la grève et ont pour certains donné à la caisse de grève.
La mobilisation pourrait grossir si la grève inspire davantage de services. Le recours à ces « déplacements » de soignants est une méthode qui se propage à l’AP-HP et au-delà – y résister pourrait être une revendication qui rassemble bien des soignants. À l’hôpital Saint-Antoine, il y a peu, les soignants avaient réussi à s’y opposer. Si la grève s’étendait à Bichat, elle pourrait aussi mettre en péril le plan de fusion des deux hôpitaux en un seul qui impliquera la suppression de 1000 postes et de 400 lits, au bas mot. Pour l’heure, devant Beaujon, un rassemblement a réuni une centaine de personnes mercredi 30 octobre et des assemblées générales se tiennent pour organiser la mobilisation.
11 novembre 2024, correspondants