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Hôpital de Villeneuve-Saint-Georges : un plan de licenciements qui ne dit pas son nom

Depuis deux semaines, les agents des services hospitaliers (ASH) de l’hôpital intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) sont en lutte pour défendre leur emploi. La direction veut licencier ou organiser la reconversion forcée de près de 100 ASH assurant le bionettoyage. Une vaste opération d’externalisation du nettoyage, comme il y en a sans arrêt dans les hôpitaux, au prix des conditions de travail voire de l’emploi des salariés.

Externaliser le nettoyage, aux dépens des salariés et des patients

Le 20 mars dernier, plusieurs dizaines de salariés de l’hôpital, accompagnés par leurs représentants syndicaux CGT et SUD-Santé, ont fait irruption dans une réunion de la direction avec le maire de Villeneuve, pour exiger l’arrêt immédiat de ce plan. S’il était mené à bien, 50 postes d’ASH contractuels seraient supprimés et 46 titulaires et CDI seraient forcés de changer de poste. Devant la mobilisation, le maire a dû concéder la tenue d’une réunion où l’ensemble des travailleuses et travailleurs concernés pourront participer – réunion qui reste à fixer.
Ce projet date en fait de 2018. La direction de l’hôpital était alors déjà poussée par l’ARS à faire des économies, notamment en privatisant le bionettoyage. En 2019, la mobilisation des salariés, soutenue par l’intersyndicale, avait obtenu le soutien de la mairie de Villeneuve-Saint-Georges et ainsi fait reculer la direction de l’hôpital. Mais, en 2024, nouvelle attaque : la direction cherche à faire 200 000 euros d’économies en supprimant des emplois. Elle décide de s’en prendre aux ASH.

Pour les 46 ASH titulaires et CDI, reconversion forcée vers le brancardage – travail très physique – ou vers la distribution des repas, où elles devront courir entre les deux ailes du site. Tout cela sans leur demander leur avis et en modifiant leurs horaires sans se soucier de l’impact sur leur vie. Du reste, une partie du travail des ASH retomberait immanquablement sur les aides-soignantes qui sont déjà surchargées.

Quant aux 50 ASH en CDD, leurs contrats ne seraient plus renouvelés. Du jour au lendemain. Alors même que certaines travaillent dans cet hôpital depuis des années. Et pour cause, les hôpitaux publics peuvent faire enchaîner des CDD aux agents pendant six ans ! Sans surprise, bien des salariés de Villeneuve approchent des six ans d’ancienneté, et après leur avoir fait miroiter un poste fixe et les avoir usés jusqu’à la corde, la direction trouve là une manière de s’en débarrasser. Pourtant il y aurait de quoi les embaucher pour de bon : à l’hôpital de Villeneuve les postes d’ASH existent et 75 % sont vacants !

Contre la casse de l’hôpital, les salariés mobilisés

Seule alternative à la rupture du contrat : accepter d’intégrer la société privée de nettoyage Novasol. L’entreprise est connue, c’est l’un des premiers sous-traitants auquel a recours l’AP-HP pour externaliser le nettoyage. Les temps partiels et le travail fractionné y sont la norme, les salaires moindres et les conditions de travail infernales. Mais ce n’est pas le problème de la direction de l’hôpital, qui ne se soucie guère des conditions de travail, de la qualité des soins ou de l’accueil des patients. Elle qui, par exemple, pousse déjà à ce que le nettoyage des chambres soit fait en cinq minutes maximum. Aberrant pour le personnel. Ce n’est pas la privatisation du nettoyage qui va améliorer les choses.

Pourtant, les ASH, en plus de réaliser le bionettoyage – essentiel pour la lutte contre les maladies nosocomiales – s’occupent aussi du linge, du service des repas, entre autres tâches indispensables aux équipes et aux patients. Elles font partie de celles et ceux qui ont tout enduré pendant le Covid et ont fait tourner l’hôpital alors même que les pouvoirs publics n’en donnaient aucunement les moyens.

Leur mobilisation, c’est se battre pour leur emploi, mais aussi pour que des moyens soient consacrés aux services publics comme l’hôpital. Une lutte d’autant plus importante que ce plan de licenciements qui ne dit pas son nom a lieu dans un bassin d’emploi où la santé de la population est déjà fragilisée : la majorité des habitants sont de milieux populaires, occupent des emplois précaires et sont broyés par le travail. L’action du 20 mars est un début, les ASH sont déterminés à faire reculer la direction de l’hôpital.

Correspondants