Nos vies valent plus que leurs profits

Il est temps d’en finir avec les frontières et les patrons

Frontière entre les États-Unis et le Mexique. Source : wikipedia

Mardi 2 avril, Trump déclarait la guerre commerciale au monde entier : des droits de douane passant de 10 % à 25 %, voire plus, semant la panique parmi les patrons européens, et de 20 % à 54 % pour les importations venues de Chine. Mardi 8 avril, il raillait, lors d’un banquet de notables du Parti républicains, les pays qui cherchaient à négocier ces taxes à la baisse : « Ils nous appellent, ils me lèchent le cul. » Le lendemain, volte-face : il annonçait une pause de 90 jours, le temps des marchandages… sauf pour la Chine, où les droits allaient au contraire monter à 145 %.

La guerre des mafias qui gouvernent

Culot et inconséquence d’un parrain de mafia, qui pourrait déséquilibrer l’économie de la planète ? En partie. Mais pas si fou : entre la chute des cours de la bourse provoquée par la première annonce et leur remontée, certains s’en sont mis dans les poches. « C’est le bon moment pour acheter » avait tweeté Trump sur ses réseaux, prévenant ses amis de la volte-face qu’il allait opérer et ferait regrimper le cours des actions, enrichissant les acquéreurs. Au point que des sénateurs américains ont demandé une enquête contre lui pour « délit d’initiés ».

Samedi 12, il annonçait que smartphones, ordinateurs et quelques autres produits électroniques fabriqués en Chine ne subiraient pas la hausse des droits de douane. Car une partie de l’industrie américaine de la tech, comme Apple qui y fait assembler ses produits, craint de ne plus pouvoir profiter à satiété de l’exploitation des ouvriers chinois, et Amazon y perdrait une grande partie de son trafic.

Ce nouvel épisode est caractéristique de ces bras de fer et marchandages entre les gouvernants qui, à la tête des grandes puissances, défendent les intérêts des grandes sociétés industrielles et commerciales : une rivalité sur le dos des travailleurs qu’ils exploitent et de tous les peuples pauvres de la planète.

… sur notre dos

C’est à nous tous qu’ils comptent faire payer l’addition. Par la hausse des prix entrainée par les nouveaux droits de douane. Par les licenciements et le chômage provoqués par les restructurations, déplacements de lieux de production, que décideront les patrons en fonction de la rentabilité des divers marchés.

Quand Trump clame qu’il va ainsi réindustrialiser les États-Unis et en y ramenant la production faite au Mexique, c’est pour déplacer le chômage de l’autre côté du Rio Grande, à condition de réussir à imposer aux travailleurs américains les salaires des ouvriers mexicains, au nom de la concurrence.

Il en est de même ici de tous ceux qui, de Le Pen et Macron jusqu’aux leaders de la gauche, nous parlent de patriotisme économique et de protectionnisme censé sauver « notre » industrie et « nos » emplois. C’est de sauver les profits des patrons français dont ils parlent.

Entre travailleurs, ni guerre ni frontières

Ceux des syndicats qui enchainent sur le même thème sous le prétexte de « lutter contre le dumping social », se placent sur le même terrain, arguant d’un capitalisme plus national, où patrons et ouvriers auraient des intérêts communs, et où l’État nous protègerait des abus et les barrières douanières des concurrents. Mais nous n’avons aucun intérêt commun avec les exploiteurs de nos pays, qu’ils soient marchands de produits de luxe comme Arnault ou d’instruments de mort comme Dassault. Refusons d’être entraînés dans leurs guerres, aujourd’hui commerciales et peut-être demain militaires. Les seuls combats qui valent d’être menés sont ceux des travailleurs et travailleuses de tous les pays, par-delà les frontières.

Car tous les grands groupes exploitent des ouvriers aux quatre coins du monde et ce seront nos luttes communes qui nous débarrasseront de tous ces parasites et permettront d’organiser nous-mêmes la production en fonction des besoins de tous.

Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 14 avril 2025

 

 

Télécharger l’éditorial au format ODT