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Immigration : Darmanin ne doit pas faire la loi !

« Les Français qu’est ce qu’ils veulent, ils veulent pouvoir accueillir leur nounou, accueillir le serveur du restaurant, le balayeur de la rue, la personne qui va récupérer les fruits et légumes dans les champs. Et ils veulent pouvoir éloigner et expulser les délinquants. C’est ce que veut ce texte », a déclaré Darmanin lors de son passage sur le plateau de France 2 le dimanche 5 novembre, à propos de la loi dite « asile et immigration » que le Sénat a commencé à débattre dès le lendemain.

À l’entrée du débat parlementaire, cette énième loi visant à restreindre les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France semble calquée sur le programme électoral du Rassemblement national. La version Darmanin a été encore « droitisée » par les sénateurs LR. Les articles 9 et 10 prévoient de faciliter davantage les procédures d’expulsion du territoire (les OQTF), en les élargissant pour « non-respect des principes de la République », en autorisant leur application pour les étrangers arrivés en France avant l’âge de 13 ans ou encore pour ceux résidant en France depuis plus de dix ans. L’article 1 prévoit quant à lui de conditionner la délivrance d’une carte de séjour à un niveau minimal de maîtrise du français. D’autres dispositions visent à restreindre les conditions du regroupement familial : désormais, il faudra justifier d’au moins 24 mois de présence sur le sol français, contre 18 actuellement, pour pouvoir formuler une demande de regroupement. La très maigre Aide médicale d’État (AME), honteusement qualifiée de « pompe aspirante » de l’immigration par la droite, a été supprimée par la commission des lois qui voudrait la remplacer par une aide médicale dite d’urgence, réduite à quelques soins de base. Approuvées par Darmanin, ces modifications inspirées par la seule démagogie xénophobe ne font même pas l’unanimité dans le camp macroniste : le ministre de la Santé Rousseau et le porte-parole du gouvernement Véran s’y disent opposés, en évoquant le désastre sanitaire qu’elles engendreraient… y compris pour l’ensemble de la population du pays !

Malgré ces bassesses, Darmanin n’est pas assuré d’avoir une majorité en faveur de sa loi car l’article 3 qui prévoit la création d’une carte de séjour temporaire pour les travailleurs étrangers des secteurs dits en tension déchaîne les folles gesticulations de LR et du RN… Sus à l’immigration, quelle qu’elle soit, même celle que réclame (et qu’exploite) le patronat français ! Ils se disent prêts à voter le texte, mais sans cet article. Pure surenchère raciste de Ciotti et Le Pen. Macron et ses ministres céderont ou ne céderont pas, pour s’épargner un énième recours au 49-3 ?

Pas sûr donc que « la nounou, le balayeur, le récolteur de patates » puissent être régularisés grâce à un Darmanin, qui se rêve délivreur de titres de séjour ultra-courts et au cas par cas, au gré des besoins du patronat dans tel ou tel secteur économique. Immigration jetable institutionnalisée !

Mais les récentes grèves victorieuses de collectifs de sans-papiers, sur les différents grands chantiers de la région parisienne, sont la meilleure réponse à la vilenie raciste de Darmanin. Tous ces travailleurs et travailleuses qui ont le droit à des papiers, quel que soit leur secteur d’activité, ont montré depuis des années qu’ils savaient se battre et se faire craindre… tout particulièrement à quelques mois des JO 2024 !

Le NPA soutient et appelle à participer massivement à tous les rassemblements et manifestations des cadres unitaires d’opposition à la loi Darmanin, notamment la manifestation à Paris du 3 décembre et la journée nationale de mobilisation du 18 décembre dans le cadre de la « Marche des Solidarités ».
Liberté de circulation et d’installation ! Régularisation de tous les sans-papiers !

Marie Darouen

 

(Article paru dans Révolutionnaires, numéro 7, novembre 2023)