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Inclusion scolaire : tout reste à faire

Depuis la loi de 2005 faisant de l’inclusion des élèves en situation de handicap à l’école un droit, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés a plus que triplé. Il atteint aujourd’hui plus de 490 000. On ne peut que s’en réjouir, mais les conditions effectives de scolarisation ne sont pas satisfaisantes.

Des structures et des moyens insuffisants

Les moyens de l’école dédiés aux élèves à besoins particuliers sont insuffisants à tous les niveaux. Ainsi, les Rased11 (réseaux de professeurs des écoles spécialisés dans la prise en charge des difficultés scolaires, quelles qu’elles soient) ont été démantelés sous Sarkozy et sont très peu nombreux depuis. C’est le cas aussi des personnels sociaux et de santé dont le nombre est notoirement insuffisant.

Les unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis), basées en primaire et au collège, sont un peu plus de 10 000 pour tout le pays, un nombre en augmentation constante, mais insuffisant pour satisfaire les besoins. Alors qu’elles ne doivent accueillir que dix élèves par classe, c’est souvent douze ou plus.

Nombre de sections d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa), dispositif destiné aux « élèves en difficulté scolaire grave et durable », ont été fermées ces dernières années… et leurs élèves dirigés vers des classes de 6e ou 5e ordinaires.

L’inclusion en milieu ordinaire se fait dans des classes déjà trop chargées et, faute de recrutements suffisants, plus de la moitié des élèves qui devraient avoir un accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH), en sont privés.

Enfin, trop souvent, sous prétexte d’inclusion scolaire en milieu ordinaire, des places ont été supprimées dans les instituts spécialisés, alors que des soins spécifiques, médicaux notamment, y sont prodigués et que leur nécessité demeure.

Une inclusion qualitativement problématique

Les AESH sont des employés précaires, dont la formation est quasi absente, à la rémunération scandaleusement basse, d’autant que dans la majorité des cas, leur contrat est à temps partiel, entre 24 et 32 heures par semaine pour un salaire au Smic horaire et une grille d’évolution quasi inexistante. Ils doivent le plus souvent accompagner plusieurs élèves, sans aide particulière.

Les enseignants ne sont pas formés non plus aux différentes formes de handicap auxquelles ils sont confrontés, ni, entre autres, aux réponses pédagogiques à mettre en œuvre.

C’est sans compter la question du bâti scolaire qui nécessite d’être aménagé et rénové pour accueillir des élèves en fauteuil par exemple.

Pour que l’inclusion scolaire ne soit pas de la poudre aux yeux des parents d’enfants en situation de handicap, c’est une toute autre école qui serait nécessaire. Une école matériellement modifiée, capable d’ouvrir ses portes à tous les élèves et de s’adapter aux besoins éducatifs de chacun. Une école où le personnel est formé et a les moyens d’accompagner chacun dans un parcours pédagogique permettant son épanouissement, dans une société où chacun reçoit selon ses besoins.

Rose Abelsunce et Liliane Lafargue

1  Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté.

 

 


 

 

Dossier du numéro 26 de Révolutionnaires