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Inde-Pakistan : saut dans l’inconnu, blackouts et odeur de mort

Samedi 10 mai, cessez-le-feu. Lundi 12 mai, le ministère de la Défense indien annonce avoir intercepté des drones venus du Pakistan. Dans le même temps, des blackouts importants sont imposés au Pendjab. Les écoles sont fermées et il faut rester éloigné des fenêtres. Pour combien de temps ?

Le 22 avril dernier, le massacre (par un groupe non identifié) de touristes indiens se photographiant au milieu des marguerites en fleur du Cachemire avait été une douloureuse piqûre de rappel de la désolation qui touche cette région du monde. Comme les fois précédentes, dernièrement en 2016 et 2019, les pouvoirs indiens et pakistanais ont utilisé ce type d’attentat pour se livrer à des appels incendiaires et des manœuvres militaires. Au bout de quinze jours, les frappes ont été vraiment importantes. Les forces armées ont délibérément visé civils, écoles et lieux de culte, et plusieurs dizaines de morts sont à déplorer. Durant une centaine d’heures, personne ne savait jusqu’où iraient les bombardements qui menaçaient de se rapprocher des capitales.

Craindre le crépuscule

Avions au sol, matchs de cricket déplacés, routes fermées, India Gate (équivalent de la place de l’Étoile à New Delhi en bien plus grand) évacué. Sans compter l’éprouvante attente de la nuit et de l’annonce de nouvelles frappes. Bref, des centaines de millions de personnes redécouvrent la peur et l’angoisse des blackouts dans une partie significative des régions du nord-ouest de l’Inde. Et les craintes sont sans doute plus importantes au Pakistan.

Munitions pour le nationalisme

Tenu coupable des difficultés économiques de l’Inde par une partie de la population, le pouvoir actuel s’est mal remis de son demi-revers électoral lors des élections générales de l’année dernière. Depuis au moins deux mois, ses partisans multiplient les violences et les appels à la déportation des musulmans dans les États fédérés essentiels que sont le Maharastra et l’Uttar Pradesh. Les élections à venir au Bihar ne sont pas étrangères à ce regain des appels à la haine.

Il semblerait, pour le moment, que les derniers événements profitent aux partisans de Modi, d’autant que la gauche indienne s’est ouvertement ralliée à lui dans le cadre des affrontements avec le Pakistan. Les grèves syndicales d’échelle nationale prévues le 20 mai en Inde seront peut-être l’occasion que d’autres voix s’expriment.

Chris Miclos