Nos vies valent plus que leurs profits

Industrie de l’armement : concentration et monopoles

Aujourd’hui, l’économie de guerre ne tourne pas encore à plein régime, en tout cas pas comme on l’a vu pendant les deux guerres mondiales – quand les États avaient non seulement pratiquement la mainmise directe sur toutes la production militaire, mais où toute la production était planifiée en fonction des besoins des armées –, ou même aujourd’hui en Russie ou en Ukraine. D’après l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), la Russie a consacré 149 milliards de dollars à son armée en 2024, une hausse de 38 % sur un an et un niveau deux fois supérieur à celui de 2015. Dans le reste de l’Europe, en 2024, les dépenses militaires atteignaient 480 milliards de dollars ; au niveau mondial, elles ont atteint cette même année la somme record de 2 700 milliards de dollars ; dans les seuls États-Unis, premier pays au monde en termes de dépenses militaires, 997 milliards de dollars, soit 37 % des dépenses mondiales et en Chine, à la deuxième place, environ 314 milliards de dollars.

Un phénomène marquant est celui de la reconfiguration industrielle par fusions et acquisitions. Ce mouvement est accéléré par un appétit croissant pour les activités à haute valeur ajoutée : drones armés, systèmes électroniques embarqués, cybersécurité et plateformes autonomes pilotées par intelligence artificielle. Aujourd’hui, par exemple, le groupe Airbus est la première entreprise européenne de la défense et dans le « top 15 » mondial. En plus de la division militaire du groupe, Airbus Defence and Space, partenaire dans la fabrication des avions Eurofighter et du transporteur de troupe A400M, il y a Airbus Helicopters, leader mondial dans la production d’hélicoptères dont la moitié est destinée à des fins militaires. Le groupe Airbus est aussi actionnaire principal du groupe Ariane, qui a la charge de la production des lanceurs nucléaires. Et Airbus possède pour plus d’un tiers de MDBA, première entreprise européenne de fabrication de missiles.

Les profits ne sont pas en reste et coulent à flots. Dassault Aviation, connu pour son Rafale, a vu son chiffre d’affaires consolidé passer de 4,8 milliards d’euros en 2023 à 6,2 milliards en 2024 (+ 30 %) tandis que ses bénéfices avant impôts (923 millions d’euros) ont bondi de 33 % sur un an.

L’ensemble des fusions (ou tentatives de fusion) des géants du secteur et la création de gigantesques monopoles à l’échelle européenne et mondiale mettent en place les conditions d’une économie de guerre.

M. G.

 

 


 

 

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