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Iran : le refus de porter le voile est-il un trouble psychiatrique ?

Les présidents de quatre associations iraniennes de santé mentale ont écrit une lettre ouverte au chef du pouvoir judiciaire, Gholam-Hossein Mohseni Ejei, dans laquelle ils accusent la justice « d’abuser de la psychiatrie » à des fins qui ne relèvent pas de la santé. « Le diagnostic des troubles mentaux relève de la compétence d’un psychiatre, pas d’un juge » ont-ils dénoncé. Dernier exemple en date, celui de l’étudiante Ahou Daryaei qui s’est dévêtue pour protester d’avoir été harcelée par des agents de l’université estimant qu’elle ne respectait pas le strict code vestimentaire islamique obligatoire. Après avoir été arrêtée par la police, la jeune femme a été transférée de force dans un hôpital psychiatrique. En juillet 2023 l’actrice Afsaneh Bayegan et deux autres femmes avaient été jugées « atteintes de maladie mentale » par un tribunal de Téhéran après avoir défié les lois islamiques sur le port du voile. À la même époque, le rappeur kurde Saman Yasin, avait été arrêté pendant les manifestations du mouvement « Femme, Vie, Liberté » et hospitalisé de force en psychiatrie. Comme l’affirme Hadi Ghaemi, directeur exécutif du Centre pour les droits humains en Iran, « les autorités iraniennes utilisent systématiquement l’hospitalisation psychiatrique sous contrainte comme un moyen de supprimer la dissidence et de saper la crédibilité des opposants ». Le recours du régime à ce type de pratique est également l’aveu d’échec des autorités, incapables de faire respecter la loi sur le voile, malgré la répression.