Le 19e congrès national de la CGIL (le principal syndicat italien) s’est tenu du 15 au 18 mars, au palais des sports de Rimini, en présence de 986 délégués. Les trois tendances oppositionnelles à la ligne majoritaire avaient droit à 24 délégués, élus à la proportionnelle, le texte « alternatif » qu’elles présentaient en commun ayant recueilli 2,4 % des voix lors des assemblées préparatoires au congrès. Ce texte, intitulé « Les racines du syndicat », affirmant que « la CGIL doit retrouver ses racines, et pour cela retrouver sa pleine autonomie du gouvernement et du patronat, et redevenir plus radicale ».
Peut-être encore plus que les précédents, ce congrès a ressemblé davantage à un show médiatique qu’à un véritable lieu de débats entre les délégués. Le principal évènement de la réunion, celui qui a fait la une de tous les médias, a été la présence, le 17 mars, de Giorgia Meloni, présidente du Conseil nouvellement élue, et dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d’Italia, qui avait répondu à l’invitation de Maurizio Landini, secrétaire général de la CGIL.
Une trentaine de délégués (essentiellement les représentants des minorités oppositionnelles) ont quitté la salle, le poing levé, en chantant Bella ciao quand Meloni est montée à la tribune. Les autres ont été « contraints » d’écouter passivement, pendant une demi-heure son discours, qui après quelques politesses pour la CGIL « le plus ancien syndicat national », a été la défense et l’illustration de la politique anti-ouvrière du gouvernement, que cela soit au sujet de la réforme fiscale, du refus d’instaurer un salaire minimum légal, ou la remise en cause du revenu de citoyenneté dont bénéficient trois millions des plus pauvres, puisque selon Meloni : « La seule façon que je connaisse de sortir de cette condition, c’est de travailler. »
Aussi bien Landini que Meloni ont tenu des discours de collaboration de classe, au nom de l’unité nationale, de la « capacité de s’écouter et la volonté d’être écouté », et de la nécessité d’œuvrer ensemble à « relever les défis » de la situation économique. À ceci près que Meloni, et avec elle le gouvernement et le patronat, livrent derrière ces discours une véritable guerre contre les travailleurs, quand Landini se contente de paroles creuses.
Il est bien loin le temps où celui-ci, secrétaire de la Fiom (Fédération de la métallurgie) passait pour un opposant à la direction de la CGIL, était considéré comme plus combatif et plus « à gauche », et où même une partie de l’extrême gauche avait bien des illusions sur le « camarade Landini ».
Thierry Flamand