Nos vies valent plus que leurs profits

Justice de classe, racisme, chômage, précarité : deux ans après la mort de Nahel, toujours autant de raisons de se révolter !

Le 27 juin 2023, un policier assassinait Nahel, un habitant de Nanterre de 17 ans, en lui tirant dessus à bout portant en plein jour sous le regard de témoins. Cette exécution, filmée, avait été un détonateur pour une nouvelle explosion de colère et l’expression d’une révolte des habitants des quartiers populaires. Pauvreté, précarité, racisme, violences policières, comme en 2005, les capitalistes pensaient pouvoir contenir tranquillement sous leurs pieds ce cocktail explosif, cette poudrière qui a fini par leur exploser au visage !

Le massacre actuel à Gaza vient rappeler à quel point toutes les vies humaines n’ont pas la même valeur. La mort de Nahel en était une autre démonstration. Il a fallu attendre deux ans pour que des juges d’instruction se décident à poursuivre pour meurtre le policier auteur du tir mortel. Sous la pression des émeutes dans les quartiers, il avait été d’abord placé en détention provisoire, mais bien vite libéré dès le retour à l’ordre imposé par le déploiement de 45 000 gendarmes et policiers.

Cette justice de classe, qui ordonnait cette remise en liberté, prononçait en revanche des peines de prison ferme à l’encontre de plus de 500 jeunes, dont la moitié de mineurs, qui avaient participé aux émeutes, quand bien même eux n’avaient tué personne !

Dupond-Moretti, ministre de la Justice de l’époque, exigeait contre tous les jeunes émeutiers ou supposés tels, une réponse judiciaire « rapide, ferme et systématique » avec « des peines sévères ». Mais dès l’annonce de l’ouverture d’un procès à l’encontre du policier assassin, celui-ci a reçu, sans délai, le soutien du préfet de police de Paris, Nuñez, du ministre de l’Intérieur, Retailleau, et du ministre de la Justice, Darmanin.

Il n’y a pas de doute, la police est bien le bras armé de l’État. Elle est chargée de défendre l’ordre des capitalistes y compris par les moyens les plus brutaux. Sans doute ces Nuñez, Retailleau et Darmanin rêveraient d’adopter des lois qui donnent un blanc-seing à cette police. À l’image du décret que vient d’adopter Milei, président argentin, qui, en plus d’autoriser les policiers fédéraux à arrêter, priver de liberté, ficher et espionner tout individu suspecté de vouloir commettre un crime sans avoir besoin d’en référer à la justice, leur permettra d’ouvrir le feu pour « assurer la défense opportune des personnes ».

La moindre des choses serait que ce policier soit condamné pour meurtre – jusqu’à son procès en 2026 au plus tôt, il profite de sa liberté et du 1,6 million récolté par une cagnotte d’extrême droite. Mais nous ne nous faisons pas d’illusion sur le fait qu’une condamnation rendra justice à Nahel ou à tous les autres.

Depuis deux ans, rien n’a changé dans les quartiers. Aux pieds des buildings de la Défense qui abritent les sièges d’entreprises capitalistes riches à milliards, dans la cité Pablo-Picasso à Nanterre, chômage, précarité, pauvreté, racisme et contrôles policiers rythment toujours la vie des habitants. Nous ne rendrons justice à Nahel et à toutes les autres victimes qu’en inversant cet ordre des choses.

Juliette Stein