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La Belle, la Bête… et le racisme

Chaque année depuis 2018, l’opération « Un livre pour les vacances » fournit un classique de la littérature française revisité aux élèves de CM2. Choisi pour l’édition 2025, le dessinateur Jul avait pris le parti d’une modernisation du conte « La Belle et la Bête ». Le ton est donné dès la couverture : La Belle, baskets aux pieds et T-shirt rayé, pose pour un selfie aux côtés de la Bête. Finalement l’Éducation nationale, qui avait prévu un tirage à 800 000 exemplaires, a décidé d’annuler la commande. Selon la ministre, Élisabeth Borne, certains thèmes abordés (réseaux sociaux, alcoolisme) n’étaient pas « adaptés » aux enfants de 10 ans. Jul, qui dénonce « une censure aux relents xénophobes » pense différemment. Pour lui « la seule explication semble à chercher dans le dégoût de voir représenté un monde de princes et de princesses qui ressemble un peu plus à celui des écoliers d’aujourd’hui… ». Puis d’enfoncer le clou : « Le “grand remplacement” des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes serait-il la limite à ne pas franchir pour l’administration versaillaise du ministère ? » Et de conclure que ses personnages « ont juste la peau un petit peu plus sombre que les contes où les filles sont blondes avec une peau très blanche. La Belle est juste un peu plus méditerranéenne. Elle a une tête d’Italienne, de Grecque, de Libanaise, elle ressemble à la France d’aujourd’hui. » Une réalité que s’efforcent de nier les réacs de tout poil, au gouvernement ou en dehors.