Nos vies valent plus que leurs profits

La brutalité sans masque de l’impérialisme des États-Unis

La publication, le jeudi 4 décembre, d’une note de la Maison-Blanche à propos de la nouvelle stratégie de sécurité nationale a provoqué une tempête parmi les gouvernements, la presse internationale. Une fausse franchise est assumée dans ce document de 33 pages qui résume une doctrine basée uniquement sur le rapport de force et le rejet qui se veut provoquant de tout espace de coopération. En appliquant une pensée du XXe, voire du XVIIIe siècle, l’administration américaine estime-t-elle possible de retrouver le premier rang incontesté dont elle rêve ?

Une mascarade, mais un pourtant message clair pour le prolétariat comme pour les rivaux impérialistes

La politique américaine n’a pas attendu Trump pour se mettre en scène, mais la séquence des prochaines semaines s’annonce éclairante et chargée, avec la publication de cette note sur la nouvelle stratégie, une prochaine qui devrait faire la revue mondiale des forces américaines déployées dans le monde, avant qu’en janvier arrive le premier discours à la Nation du deuxième mandat du milliardaire. Si l’on passe sur les pages quelque peu risibles d’autocélébration, le cœur de ce document d’orientation concerne « la stabilisation des relations avec la Russie », la centralité des Etats-nations, et la lutte par la contrainte de tout contre-pouvoir potentiel aux intérêts de la bourgeoisie des États-Unis. Quant à sa forme, c’est celle d’un manifeste d’extrême droite. La presse européenne et les gouvernements se sont émus de la place subordonnée que la première puissance mondiale leur concède, relayant en boucle « l’effacement civilisationnel de l’Europe »… ni plus ni moins que les délires racistes contre l’immigration qu’on entend de plus en plus fort en Europe, chez des « élites » bourgeoises d’extrême droite à la Zemmour, et même bien plus largement.

Le laboratoire latino-américain

La géopolitique esquissée prétend à la simplicité, puisque tout devrait être soumis au développement de la puissance américaine. Le Moyen-Orient doit devenir une région marginale uniquement dépositaire de matières premières ; l’Afrique dans son ensemble n’a pas un meilleur traitement. Les puissances impérialistes européennes sont englobées dans un « hémisphère occidental » estimé en déclin. Exit ! La capitulation de l’Ukraine sera négociée entre grandes personnes (États-Unis et Russie, tout en ménageant la neutralité chinoise). Reste l’Amérique latine, qui n’a même pas droit à un paragraphe dédié. C’est sans doute là que réside la clé de ce document : le traitement de l’Amérique latine a des airs de déjà vu. Le fond du document est l’extension de la doctrine Monroe, du nom d’un président des États-Unis et vieille de deux cents ans, réutilisée à l’occasion et selon laquelle, entre autres, les États-Unis sont chez eux de l’Alaska à la Terre de feu, pointe sud du continent sud-américain.

Une utopie réactionnaire

L’orientation de cette politique repose sur des principes simples, rigides mais solides comme du verre. Un impérialisme blessé et contesté est une bête dangereuse, personne n’en doute. Mais tout ce projet vise à faire vivre une utopie réactionnaire : un développement basé sur l’illusion qu’un monopole technologique assurerait un renouveau industriel et une domination mondiale. Bref un monde à sens unique avec un seul bénéficiaire. Pas sûr qu’il obtienne un assentiment général.

9 décembre 2025