Nos vies valent plus que leurs profits

La cause palestinienne, notre cause, au cœur de la lutte de classe

On reste sans voix devant ce qui est en train de se passer à Gaza. À l’horreur des massacres perpétrés sur le sol israélien par le Hamas le 7 octobre répond, à une autre échelle, celle des dirigeants israéliens qui font bombarder indistinctement bâtiments, convois de réfugiés, tuant hommes, femmes, vieillards, enfants. Cela a suscité des manifestations massives de protestation dans tout le monde arabe, mettant en porte-à-faux ceux des gouvernements arabes qui ont signé des traités de paix avec Israël – Égypte, Jordanie, bien plus récemment les Émirats arabes unis, le Bahrein, le Soudan et le Maroc. Les négociations qui étaient sur le point d’aboutir entre la monarchie d’Arabie Saoudite et Israël ont été suspendues.

Les États-Unis et les autres puissances impérialistes occidentales, dont la France, se sont empressées d’apporter leur soutien au gouvernement israélien, affirmant le droit d’Israël à « se défendre ». Elles ont dépêché des forces navales qui stationnent ou sont en route pour le faire au large d’Israël. Un soutien sans faille, donc.

Mais la barbarie des bombardements qui tuent femmes, enfants, vieillards et détruisent indistinctement bâtiments, hôpitaux, ambulances, et la privation d’eau, d’électricité, de médicaments – en fait de tout ce qui est indispensable aux Gazaouis – suscitent dans le monde une indignation qui ne fait que grandir. Même Macron et Darmanin, qui ont tenté de la faire taire en France, ne peuvent plus empêcher les manifestations. Et pas seulement parce qu’ils ont été le plus souvent désavoués par les tribunaux – car il n’était pas question de se laisser bâillonner sans rien faire ! –, mais parce que ce n’est tout simplement plus tenable.

Cela a mis les soutiens de Netanyahou dans l’embarras. Après les voyages de Biden puis de Macron, c’est Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, qui s’est précipité pour demander à Netanyahou de respecter au moins certaines formes. Mais Netanyahou et les ultras du gouvernement et de l’armée n’en ont cure, sûrs qu’ils sont de bénéficier de toute façon du soutien inconditionnel des États-Unis et de leurs alliés.

Les dirigeants occidentaux ne peuvent offrir aucune solution viable. Certains hommes politiques reparlent de faire renaître la « solution à deux États ». Soixante-quinze ans après la naissance d’Israël, trente ans après les accords d’Oslo, la population palestinienne sait qu’aucune véritable solution ne peut venir des accords passés avec les puissances impérialistes et leurs représentants locaux. Quelle qu’elle soit, la seule perspective de « paix » que les dirigeants impérialistes peuvent offrir aux Palestiniens est le silence des peuples. Quand ce n’est pas la paix des cimetières.

Une nouvelle fois, le peuple palestinien se retrouve confronté à un massacre mené par un État surarmé soutenu par tous les États impérialistes occidentaux. Les dirigeants des pays arabes font de la démagogie anti-israélienne, voire antisémite, mais en réalité s’accommodent parfaitement de l’ordre régnant. Ces mêmes dirigeants jordaniens, syriens, libanais, libyens, égyptiens, ont montré dans le passé qu’ils n’hésitaient pas à s’en prendre eux-mêmes à la population palestinienne réfugiée ou émigrée dans leur pays.

À Gaza, en Cisjordanie, mais plus généralement dans la population des pays de la région, le Hamas apparaît comme l’organisation cherchant à résister. Pourtant, en juillet dernier, c’était lui qui tirait sur les manifestants gazaouis qui ne supportaient plus sa dictature corrompue. Mais notre soutien au peuple palestinien est inconditionnel, indépendant des dirigeants qu’il s’est donnés, ou qu’il subit. On ne peut tout simplement pas accepter que des millions de personnes vivent parqués dans des camps depuis quatre générations, sous la menace permanente des bombes ! De l’autre côté, le rôle de gendarme de l’impérialisme que les dirigeants sionistes ont accepté de jouer est un piège qui a transformé les Israéliens en geôliers. Et ils ne connaîtront jamais la paix tant que cette situation durera, c’est-à-dire tant qu’ils ne se dresseront pas eux-mêmes contre leurs dirigeants et contre l’impérialisme.

 

 


 

 

Cet article a été publié dans le numéro 7 de Révolutionnaires, dans le cadre d’un dossier sur la Palestine.

Sommaire du dossier sur la Palestine du numéro 7 de Révolutionnaires