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La gauche de gouvernement est déçue. Vive nos luttes !

La gauche l’a échappé belle : avec Barnier à Matignon, la voilà dans l’opposition, dispensée de trahir au gouvernement ses maigres promesses. Car c’est bien ce à quoi elle se préparait quand sa candidate au poste de Première ministre, Lucie Castets, promettait de gouverner en cherchant sur chaque mesure le compromis avec la droite et le centre, en disant que, pour elle, le programme du NFP n’était qu’un « horizon ».

L’arrivée au pouvoir d’un des hommes de la droite la plus réactionnaire a gonflé les effectifs des manifestants du samedi 7 septembre, qui n’en étaient plus à demander à Macron un gouvernement de gauche. Beaucoup s’y disaient vaccinés contre les rêves électoraux, contents d’être dans la rue contre le gouvernement qui se met en place.

Quant aux états-majors de cette gauche, que proposent-ils ?

Hollande, redevenu député, promet de voter la censure. Mais pour être « une opposition constructive » en n’étant plus « inféodé » à « ces insoumis ». Il n’est pas le seul, comme ces socialistes qui querellent Olivier Faure pour un suivisme par rapport à Mélenchon qui aurait fait capoter leur espoir d’un gouvernement Cazeneuve. Sans oublier ceux qui fustigent le programme du NFP impossible à mettre en œuvre avec cette Assemblée…

Inutile de chercher mieux du côté de Fabien Roussel, qui s’est fait applaudir à l’université d’été du Medef en évoquant « un projet partagé, celui de remettre le travail au cœur de la société ».

Pas mieux du côté d’Éric Coquerel, de LFI qui, à la commission des finances de l’Assemblée, se propose de tenter « de modifier profondément le budget en commission au point de le rendre NFP compatible ». NFP compatible voté par un parlement à majorité de droite et d’extrême droite ? De ce budget 2025, dont on sait qu’il veut tailler dans les services publics et les collectivités territoriales et alors que le RN, allié obligé pour Michel Barnier, propose « qu’il s’attaque aux grands tabous, le coût de l’immigration et celui de l’Union européenne ».

Quant aux syndicats, la secrétaire générale de la CFDT reprend quasiment les mêmes mots que Barnier en demandant de « suspendre la réforme » des retraites, le temps d’« ouvrir le débat » pour « une amélioration ».

Alors, des batailles, il va falloir en mener. Mais pas pour permettre à des politiciens de gauche de redorer leur blason en vue de la énième promesse de changer le sort des travailleurs s’ils votent « bien »… sans toucher aux droits des patrons ni à leur capital !

Des luttes nous attendent, pour l’augmentation générale des salaires, l’interdiction des licenciements, le retour de la retraite à 60 ans, contre les lois racistes et pour la liberté de circulation et l’accueil des immigrés. « Travailleurs, sauvons-nous nous-mêmes », dit l’Internationale. Oui, pour ces luttes, il faudra nous organiser pour les mener nous-mêmes, et sans tarder.

Olivier Belin

(Article paru dans le numéro 18 de Révolutionnaires)