Le naufrage de l’embarcation au large de la Grèce n’a fait que très peu réagir les partis de gauche à l’heure où nous écrivons.
Les organisations de la Nupes ne semblent pas d’accord sur l’accueil des exilés. Mélenchon, en 2021, dénonçait à juste titre la « pure barbarie » des destructions de camps, pour rappeler aussitôt que « nous ne sommes pas pour abroger les frontières, […] nous ne sommes pas d’accord pour que les gens rentrent ». Pour Fabien Roussel, il « faut être plus ferme ». François Ruffin se dit contre « l’instauration de nouvelles filières d’immigration ». Quant aux Verts, ils sont plus enclins à accueillir les réfugiés.
La forme diffère, mais le fond reste le même : mieux accueillir les réfugiés, mais surtout pas régulariser tous les sans-papiers. Limiter l’immigration, faire respecter les contrôles aux frontières et le droit d’asile, cela revient à continuer le tri actuel des exilés, mais en « prenant le temps d’étudier pleinement les dossiers », voilà pour la différence !
Chaque fois que la gauche a été aux commandes, elle a mené une traque féroce aux exilés, comme sous Hollande avec la destruction du campement de Calais. Une politique poursuivie par Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris, pour détruire les campements de fortune en collaboration avec la préfecture de police.
La gauche institutionnelle est depuis longtemps empêtrée entre un certain humanisme déjà loin de l’héritage de l’internationalisme ouvrier du XIXe siècle, et une adaptation au cadre étriqué du capitalisme, des États, de leurs frontières.
Notre internationalisme n’a rien à voir avec un prétendu « réalisme » : les frontières sont une arme pour le patronat pour diviser les travailleurs et protéger son marché. Pour en finir avec des drames comme celui du 14 juin, il n’y a pas d’alternative : liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous, et régularisation de tous les sans-papiers !
19/6/2023, Adrian Lansalot
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 3, été 2023)