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La guerre d’Ukraine en débat : La seule guerre à mener, c’est la guerre contre les capitalistes

Ces dernières semaines ont été marquées par une accélération de l’escalade guerrière : destruction du barrage de Kathovka, contre-offensive de l’armée de Zelensky, menace de Poutine de bombarder des bases arrière de cette armée installées dans les États frontaliers, incursions en Russie de supplétifs russes de l’armée ukrainienne, manœuvres de l’OTAN et enfin menace d’une intervention militaire directe de la Pologne évoquée par l’ancien secrétaire général de l’OTAN Anders Rasmussen. Une intervention de l’armée polonaise, désormais une des plus puissantes d’Europe, ne serait probablement pas désintéressée dans la mesure où l’Ukraine compte une minorité polonaise et des territoires ayant par le passé appartenu à la Pologne. Les dirigeants des grands États impérialistes occidentaux ont tenté jusqu’à présent de circonscrire le conflit aux frontières de l’Ukraine. Mais ils n’ont cessé de repousser les limites qu’ils s’étaient eux-mêmes fixées, en particulier sur les armes livrées à l’armée ukrainienne, que ce soit avec les missiles britanniques Storm Shadow d’une portée de cinq cent kilomètres, théoriquement bridés à trois cents, les chars Léopard ou les missiles anti aériens Patriot et bientôt les avions F 16. On peut donc douter qu’ils soient en mesure de maîtriser cette escalade. D’autant que l’unanimité ne règne pas à Washington, entre ceux qui se contenteraient d’affaiblir, durablement si possible, l’impérialisme russe et ceux qui rêvent de voir la Fédération de Russie se désagréger, au risque de provoquer le chaos dans cette partie du monde.

Ce sont aujourd’hui trente États occidentaux qui, non seulement inondent l’Ukraine d’armes les plus diverses, forment leurs utilisateurs, mais fournissent un appui logistique déterminant grâce à leurs moyens de surveillance électronique, leurs satellites, avions espions, drones, sans compter les spécialistes sous couverture présents sur place. Au point de permettre de repérer les cibles et de diriger des frappes précises. Il est donc impossible de considérer cette guerre comme un simple affrontement entre la Russie et l’Ukraine. Nous sommes en présence d’une guerre mondialisée, d’une guerre par procuration menée par l’OTAN contre la Russie, dans laquelle la population ukrainienne fait office de chair à canon. La seule issue favorable aux classes populaires serait une révolte généralisée contre cette guerre, une fraternisation entre la population et les soldats, la transformation de la guerre impérialiste en guerre de classe. Un nouveau partage des territoires consécutif à une victoire militaire ou à un marchandage sur le dos des peuples serait lourd de conflits futurs. Placer nos espoirs dans cette révolte n’a rien d’utopique. Côté russe, divers mouvements d’opposition à l’aventure guerrière de Poutine ont déjà eu lieu. Côté ukrainien, passé l’élan patriotique des premiers mois d’une partie de la population, on observe aussi des mouvements de rejet de la guerre. Des soldats ont refusé de monter au front dans l’enfer de Bakhmout. L’armée et la police traquent ceux qui cherchent à échapper à la boucherie. Des deux côtés, des organisations militantes se revendiquant du socialisme ou de l’anarchisme ont refusé de se joindre à l’union nationale, même si d’autres ont sombré dans le social patriotisme. Des deux côtés, l’instrumentalisation de la guerre par les capitalistes et l’État pour augmenter la durée du travail, baisser les salaires, supprimer les acquis sociaux, licencier ne peut que contribuer à renforcer cette opposition. Même si notre voix porte peu, ce sont toutes les actions de rébellion contre la guerre que nous devons soutenir et non un camp impérialiste contre l’autre. Ne soyons pas dupes de la propagande de Macron et compagnie qui prétendent défendre la démocratie et la liberté, alors que le patronat est déjà en ordre de bataille pour obtenir sa part du marché et des richesses de l’Ukraine. Notre ennemi principal est notre propre impérialisme.  La seule solution pour assurer une paix durable sera l’établissement des États-Unis socialistes de l’Europe, gouvernés par les travailleurs.

Gérard Delteil

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 3, été 2023)