
2024 a été l’année de tous les abandons en matière environnementale. L’État s’est efforcé de faire taire toute contestation, interdisant les manifestations contre les projets qui aggravent la crise climatique, comme cela a encore été le cas le week-end des 5 et 6 juillet sur le chantier de l’autoroute A69 : le préfet du Tarn a interdit le rassemblement prévu, les 2 000 gendarmes mobilisés arrosant les manifestants de gaz lacrymogènes.
La Terre ne respire plus, mais on continue à artificialiser les sols
Le chantier de cette autoroute, qui doit relier Castres et Toulouse, a reçu l’autorisation de redémarrer, alors qu’il avait été gelé par le tribunal administratif en février, car il ne répondait à aucune raison impérative d’intérêt public majeur. Mais certains y gagnent gros. Pierre Fabre, le groupe pharmaceutique, a investi plus de 8 millions d’euros pour améliorer sa logistique. Et le concessionnaire, Atosca, pourrait engranger plus de 825 millions d’euros de recettes de péages sur 55 ans, un jackpot garanti grâce à un contrat public-privé taillé sur mesure, financé en partie par de l’argent public. À la demande de l’État et du concessionnaire, la cour administrative d’appel a autorisé la reprise des travaux, alors que le jugement sur le fond n’aura lieu qu’en 2026. L’État escompte certainement que les travaux seront achevés avant que le tribunal ne statue sur le fond, mettant tout le monde devant le fait accompli.
Les objectifs climatiques enterrés
L’Accord de Paris signé en 2015, avait été salué comme un tournant historique. Mais il s’agissait d’un accord sans contrainte réelle, et, aujourd’hui, les scientifiques le disent : l’objectif de 1,5 °C est désormais hors de portée.
L’Union européenne dit viser une réduction de 55 % de gaz à effet de serre d’ici 2030. La France est censée suivre. L’an dernier, les émissions ont baissé de 8 % dans l’UE, mais de moins de 2 % en France. En 2025, la baisse prévue est inférieure à 1 %. Il faudrait une réduction de 5 % par an pour tenir le cap. Et, pendant que la Commission européenne propose un objectif encore plus irréaliste – une baisse de 90 % d’ici 2040 –, tous les dirigeants européens augmentent leurs budgets militaires.
La loi Duplomb : destruction écologique et cadeaux à l’agro-industrie
La loi Duplomb doit être votée dans les jours qui suivront la parution de cet article. Elle s’aligne sur les intérêts des grands exploitants agricoles en supprimant les contraintes environnementales. Elle réintroduit l’utilisation des néonicotinoïdes, un pesticide surnommé « le tueur d’abeilles », facilite l’implantation et l’extension des élevages industriels et, alors qu’il ne s’agit que des intérêts privés de producteurs capitalistes, elle affirme que les mégabassines sont d’« intérêt général », ce qui permet de les subventionner avec de l’argent public.
Tant que les amis du gouvernement de Macron peuvent continuer leur business as usual, ils continueront. En dépit de tout bon sens, de toute urgence climatique, et de toute logique de protection du vivant.
7 juillet 2025, Kai Azua