Depuis sa fondation, la Grèce a toujours été un État militaire.
Les dépenses militaires ont toujours été exorbitantes. Même en pleine crise austéritaire (2010-2015), elles sont restées constamment supérieures à 2 % du PIB. La Grèce possède une importante armée de conscrits, puisque le service militaire non rémunéré de 9 à 12 mois est toujours obligatoire (bien qu’il s’agisse d’un appareil d’oppression de la jeunesse, nous ne demandons pas l’abolition du service militaire, puisqu’une armée entièrement professionnelle échapperait encore plus à tout contrôle démocratique). À côté de ça, plus de 1 % de la population est employée dans l’armée, contre 0,6 % en Turquie, 0,4 % aux États-Unis et 0,2 % en Allemagne. L’industrie militaire nationale est faible, mais des armements lourds sont achetés aux États-Unis (y compris un accord pour 40 chasseurs F-35), à la France (y compris des chasseurs Rafale et des frégates Belharra) ou encore à d’autres pays. Outre plusieurs bases de l’Otan, le pays compte également deux bases de l’armée américaine (en Crète et à Alexandroupolis).
La Grèce maintient d’importantes forces à Chypre. Des troupes grecques ont été envoyées en Afghanistan et, à plus grande échelle, au Kosovo, pour aider des armées impérialistes plus puissantes. Actuellement, des officiers de l’armée grecque opèrent en Arabie saoudite (Hellenic Force Saudi Arabia), aidant le régime, tandis que des frégates ont été envoyées en mer Rouge contre les Houthis. En 2023, cinq officiers de l’armée ont été tués en Libye, révélant une implication dans ce pays également. Des exercices militaires communs avec l’armée israélienne sont fréquents. L’armée de l’air grecque est responsable, avec l’italienne, des espaces aériens de la Macédoine et de l’Albanie. Enfin, le gouvernement grec a été l’un des premiers à envoyer des armes, bien qu’obsolètes, au gouvernement Zelensky en Ukraine. Le Premier ministre grec, Mitsotakis, reste l’un des plus fervents défenseurs de Rearm Europe et de l’aide de l’UE à l’Ukraine, bien qu’il ait déclaré que la Grèce n’était pas prête à envoyer des troupes en Ukraine « pour le moment ».
Historiquement, l’armée a été fortement impliquée dans la politique. Sept coups d’État militaires ont eu lieu en un siècle, le dernier ayant conduit à la dictature militaire de 1967 à 1974. Après 1974, une tradition a été inaugurée de tenir officiellement l’armée à l’écart de la politique, bien que Syriza ait enfreint les règles en nommant un amiral en activité au poste de ministre de la Défense en 2019.
La lutte contre la militarisation du pays comprend des exigences immédiates telles que : l’annulation des budgets militaires, l’interdiction de sortie des troupes du pays, le libre syndicalisme des conscrits, la sortie de l’Otan, et l’arrêt des conflits aventuristes avec la Turquie dans l’intérêt des capitalistes nationaux. Mais une politique révolutionnaire ne peut s’arrêter là. Nous luttons pour remettre en question le monopole de l’État capitaliste sur la violence, dénoncer le rôle joué par « notre propre » bourgeoisie et défendre la fraternisation entre toutes les classes ouvrières de la région. La formation d’un réseau internationaliste contre la militarisation et la guerre est urgente.
Manos Skoufoglou, OKDE-Spartakos
Sommaire du dossier
- Ni chair à patrons, ni chair à canons. À bas le militarisme ! À bas l’union nationale derrière les milliardaires !
- Argent magique et stratégie du choc social
- Le réarmement de l’Allemagne franchit un nouveau cap
- État espagnol : Pas un euro pour les guerres impérialistes, pas un soldat pour leurs armées
- La militarisation en Grèce
- « Crosse en l’air, et rompons les rangs ! »