La plus précieuse des marchandises, un film d’animation de Michel Hazanavicius, avec les voix de Jean-Louis Trintignant, Denis Podalydès, Dominique Blanc – D’après le conte éponyme de Jean-Claude Grumberg
« Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne. » Qui avaient perdu leur enfant et se désespéraient d’en avoir. À travers la forêt dans laquelle ils vivent passent des trains de marchandises… remplis de déportés juifs en route vers le camp de concentration voisin.
Un beau jour, pauvre bûcheronne découvre, dans la neige, un bébé emmailloté dans un châle de prière ouvragé. Elle emporte cette précieuse « marchandise » – c’est de cette manière que les nazis parlaient des occupants des trains de déportés –, qu’elle décide d’élever, malgré l’opposition de son mari.
Le film évoque le génocide juif – en particulier la vie, et la mort, au camp – avec beaucoup de pudeur. Le mot « juif » n’est jamais prononcé, mais tous les préjugés justifiant les persécutions aux yeux de populations antisémites sont bien là. De même que de belles personnes, des « Justes » inconnus, comme il y en eut fort heureusement beaucoup.
Les dessins, aux contours accusés, sont saisissants de réalisme. C’est Hazanavicius lui-même qui a dessiné les personnages – un talent moins connu de ce réalisateur. La violence de certaines scènes ou images est bouleversante – plusieurs plans présentent les figures démultipliées de déportés suppliciés, chaque visage semblant tiré du célèbre tableau d’Edvard Munch, « Le cri ».
Un conte, un conte bien sombre, sur une période bien noire de l’histoire. Pour grands et petits – pas trop jeunes, tout de même !
J.-J. F.