Nos vies valent plus que leurs profits

La politique régulièrement présente aux JO, quelques exemples…

C’est sûr, le sport et en particulier les JO, ont toujours été le lieu de toutes les instrumentalisations. Car les organisateurs ont toujours été des États (après avoir été des Cités-États), institutions politiques par excellence, produits et moyens de la lutte des classes. Et ils s’en sont évidemment servi.

Une telle instrumentalisation n’a pourtant pas empêché des athlètes d’y manifester et d’y défendre l’égalité entre les hommes. En 1936, le sprinter noir Jesse Owens, dans un pays aussi raciste que le IIIe Reich, remporte quatre médailles d’or. Hitler refuse de le saluer, mais l’athlète rentre aux États-Unis triomphant. Trente-deux ans plus tard, aux Jeux de Mexico et pour lutter contre cette ségrégation qu’Owens dénonçait déjà, Tommie Smith et John Carlos, médailles d’or et d’argent du 200 mètres lèvent courageusement un poing ganté de noir sur le podium en hommage à la longue lutte que mènent contre leur oppression les Noirs américains. Ce sont souvent les sportifs et non les États, qui font avancer la cause de l’égalité.

En 1972, à Munich, un commando palestinien prend en otage onze athlètes israéliens en exigeant la libération de prisonniers. Le refus de négocier de l’État israélien, le fiasco de la police allemande et la détermination criminelle du commando conduiront à un bilan désastreux de 17 morts dont tous les sportifs otages. Le président du CIO, Avery Brundage, soupçonné d’antisémitisme, ne cite pas les athlètes israéliens assassinés et déclare : « The Games must go on » (« les Jeux doivent continuer ») lors d’une cérémonie funèbre organisée à la va-vite.

À l’époque de la « guerre froide » ces compétitions sont évidemment un moyen pour chaque puissance de peser dans l’arène mondiale. La concurrence entre les deux blocs (et leurs systèmes de dopage respectifs) se manifeste notamment par la concurrence entre l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est pour le nombre de médailles. En 1980 Washington décide de boycotter les Jeux de Moscou pour sanctionner l’invasion de l’Afghanistan par l’armée rouge. Le Kremlin répondra par un contre-boycott aux JO de Los Angeles, quatre années plus tard.

Les Jeux sont donc avant tout le lieu d’enjeux politiques et nationalistes, et de plus en plus financiers (les petits commerçants de la Grèce antique sont devenus des sponsors, entreprises multinationales au pouvoir dans tous les pays du monde) pour les puissances dans la compétition internationale. Attirant des milliards de spectateurs, dont les plus fortunés peuvent parvenir au stade, ils représentent pour les sponsors, constructeurs, commerçants, hôteliers, une manne colossale. Mais l’argent ne parvient pas à tout pourrir, et fussent-elles soutenues par des États qui mettent des moyens de plus en plus importants pour promouvoir leurs sportifs, les performances de plus en plus spectaculaires donnent aux amateurs de sport comme à de nombreux néophytes, un plaisir certain… qu’on aimerait voir libéré de l’ornière étroite et nationaliste à laquelle le sport est aujourd’hui associé.

Louis Dracon

 

 


 

 

Sommaire du dossier sur les Jeux olympiques