Pour les facteurs, les élections législatives en urgence signifiaient deux nouvelles semaines d’enfer. Si La Poste touche un pactole (80 millions d’euros) pour la distribution des plis électoraux, pour les facteurs c’est une charge de travail supplémentaire.
La colère montait dans certains bureaux après les élections européennes, où les collègues ont serré les dents. Quelques-uns ont débrayé dès l’arrivée des plis pour les législatives. C’est le cas dans le 15e arrondissement de Paris. Pourtant, la direction nationale avait senti monter la pression et tenté de préparer le coup en proposant la majoration des heures supplémentaires à 200 % (majoration qui, même annoncée, n’est souvent pas appliquée), 25 euros supplémentaires pour les collègues qui reviennent sur leurs congés pour renforcer les équipes et 40 euros pour les samedis travaillés. Bien en deçà des primes que touchaient les postiers pour ce travail il y a encore une dizaine d’années. Les propositions de la direction ont été reçues comme une insulte : « Ils nous prennent pour des pigeons avec leurs miettes ? » disaient certains collègues. Lundi 24 juin, c’est presque la moitié du bureau de Paris 15 qui a débrayé, une quarantaine de postiers tenant un piquet et décidant dans la foulée de la poursuite du mouvement. Entre-temps, la direction a fait appel à l’entraide (un service de postiers volants qui remplacent les collègues, notamment en grève) pour passer les plis.
Même configuration à Rennes, où les postiers ont tenu des assemblées générales tous les matins dans la semaine précédant le premier tour des législatives. Un gros mouvement de grève a impacté tous les centres de Guadeloupe avec jusqu’à 70 % de grévistes, et rebelote la semaine suivante. Des débrayages ont également eu lieu à Vire (Calvados) ou Fontenay-le-Comte (Vendée).
La Poste a fait appel à des agents dédiés comme briseurs de grève pour passer les plis. Mais les collègues ont tenu. On entendait scandé sur les piquets : « Pas de bras pas de plis » ou « Pas de fric, pas de plis ! »Les collègues ont relevé la tête, et y ont gagné la certitude qu’il est possible de résister. Un premier pas qui peut donner des idées !
Correspondant