En France, 10 000 postiers travaillent quotidiennement au sein d’une trentaine de plateformes industrielles du courrier (PIC), 24 heures sur 24, pour trier et envoyer le courrier partout dans le pays. Dans ces centres de tri, ces ouvriers en horaires décalés de La Poste sont payés au lance-pierre – à peine plus que le Smic, sans treizième mois. Récemment, plusieurs équipes des PIC ont montré leur mécontentement.
Contre le sous-effectif à Rennes
Au mois de septembre, à Rennes, une majorité de l’équipe de production du matin décidait une journée de grève pour exiger quarante embauches. Un minimum pour venir combler le sous-effectif, suite à la récupération du courrier de la PIC de Caen, que La Poste a décidé de fermer. Les grévistes demandaient aussi une prime 1 000 euros. La nouvelle de ce débrayage allait non seulement se propager en équipe de nuit, où une dizaine de postiers décidaient de suivre le mouvement, mais l’idée de débrayer allait se répandre dans d’autres PIC.
Un débrayage la veille de Noël
À la PIC de Lesquin, dans la banlieue de Lille, le mois de décembre a vu plusieurs petites équipes exprimer leur colère. Dans la brigade du matin, une dizaine de postiers du tri manuel ont arrêté le travail pour dénoncer le manque de chauffage. Une autre équipe qui livre le courrier aux entreprises tôt le matin a débrayé trois fois une heure pour le rallongement d’une prime de réorganisation. Enfin, à la veille de Noël, neuf travailleurs de la brigade d’après-midi décidaient de débrayer une heure pour dénoncer les salaires trop bas et le manque d’embauches. De nombreux postiers du site ont marqué leur solidarité avec ce débrayage, en applaudissant ou en montrant des signes de sympathie.
Une nouvelle année de débrayage
Début janvier, c’est à Bordeaux que des postiers débrayaient, en plus grand nombre. En brigade du matin, une trentaine d’agents de production ont quitté le travail pendant une heure pour discuter collectivement de la suite. Ils dénonçaient la faiblesse des salaires mais aussi la division qu’instaure la direction en promettant à certains et pas à d’autres des grades supplémentaires. Là où la direction voulait diviser, il est au contraire apparu logique de revendiquer des augmentations de salaire générales et uniformes, car l’inflation est subie par tous. En reprenant le travail, les grévistes ont pu exprimer la fierté d’avoir participé au débrayage. Le nombre de grévistes a d’ailleurs été un encouragement à remettre ça dès la semaine suivante. En essayant de propager le mouvement dans les équipes de nuit et d’après-midi.
Ces actions de dizaines de salariés sont encore minoritaires, mais elles se répondent les unes aux autres. Car la question des salaires et celle des embauches restent la principale préoccupation des travailleurs à La Poste, comme dans bien d’autres entreprises. Une grève massive et déterminée dans les centres de tri pourrait d’ailleurs donner des sueurs froides à la direction et encourager d’autres postiers à rejoindre le mouvement.
15 janvier 2024, Correspondants
(Article paru dans Révolutionnaires, numéro 9, janvier 2024)