À l’EPSM (Établissement public de santé mentale) de Caen, recevoir des soins décents, voire des soins tout courts, devient de plus en plus compliqué. Les patients ne sont pas les seuls à trinquer : cette situation harasse aussi le personnel !
Durant le mois de février, deux services d’admission ont stoppé les accueils de patients. Au manque endémique de psychiatres s’ajoutent les arrêts maladies, souvent pour burn-out, des quelques présents. Il en faudrait minimum 20 en plus à plein temps rien que pour l’EPSM proprement dit, sans compter les structures annexes qui dépendent de lui.
Aux urgences ou chez elles, des dizaines de personnes, souvent très fragiles, ont attendu pendant des semaines un lit. Mais les « chanceux » qui ont décroché un lit n’ont pas été à la fête. Car la pénurie de personnel paramédical est encore pire. Infirmiers et aide soignants notamment se retrouvent souvent en dessous du minimum imposé pour s’occuper des patients dans leur service. Et quand ils ne le sont pas, on les envoie dépanner un autre service. Les patients ne peuvent plus sortir de leurs quatre murs et ne sont plus vus par les psys. Quand ils souffrent trop, les soignants n’ont rien à offrir à part la contention chimique. Pas étonnant qu’à peine arrivés, les quelques collègues que l’hôpital arrive péniblement à recruter, souvent jeunes, n’aspirent qu’à quitter l’établissement, voire carrément la profession ! Et ce n’est pas la rémunération des arrêts maladie à 90 % qui va enrayer cet exode, au contraire !
Cette situation catastrophique vient de loin, car, de gauche ou de droite, les gouvernements qui se sont succédé n’ont eu de cesse de casser l’hôpital public par le biais de leurs dévouées Agences régionales de santé et de directeurs d’établissements appliquant souvent avec zèle leurs directives. Il est plus urgent pour eux de donner des milliards aux capitalistes ou d’exploser le budget de l’armée.
Le personnel de l’EPSM de Caen a décidé de se mettre en grève le 13 mars pour exprimer une colère dont l’énumération des motifs serait trop longue ici : une vraie liste à la Prévert ! Une première réaction qui devra en appeler d’autres, ici et dans tous les autres établissements, pour imposer tous ensemble face à ce système inique nos revendications vitales pour l’hôpital.
4 mars 2025, Correspondant