Nos vies valent plus que leurs profits

La révolte contre ce monde d’injustice : l’urgence de 2025 !

Paris, 23 mars 2023

C’est finalement moins d’une journée que Bayrou a décidé de rester à Mayotte lors de son déplacement avec cinq de ses ministres ce lundi 30 décembre. Juste après sa nomination à Matignon, le 18 décembre, alors que le cyclone venait de ravager l’île, Bayrou avait emprunté un Falcon présidentiel… pour aller présider le conseil municipal de Pau et faire ainsi l’apologie du cumul des mandats, tout au moins des deux siens. Chacun ses priorités. L’année 2024 s’achève sur un bilan sans appel vis-à-vis des politiciens au service de la bourgeoisie : qu’ils s’en aillent tous !

Un gouvernement faisandé

Barnier avait battu haut la main le record du gouvernement le plus bref de la Cinquième République, Bayrou semble vouloir décrocher d’autres médailles avec le sien… Entre le nombre de chevaux de retour figurant au casting et celui du nombre de casseroles traînées par les uns et les autres, il tient déjà pas mal la corde. Avec le quatuor de tête formé par Darmanin à la Justice, Valls aux Outre-mer, Borne à l’Éducation nationale et Retailleau à l’Intérieur, c’est presque une farce. Au moins il n’y a pas tromperie sur une marchandise : tous ces gens-là, piochés dans la droite ou revenants du temps de « la gauche », ont déjà été largement aux affaires aux petits soins des riches et des puissants et n’ont pas de quoi défriser Marine Le Pen et sa clique… Tout un programme !

Une « république » coloniale

Quatre jours après le passage du cyclone dévastateur Chido, Retailleau (déjà ministre, aujourd’hui reconduit) n’a pas tergiversé pour expliquer à la radio qu’il faudra (encore) durcir la lutte contre l’immigration « clandestine » à Mayotte et que la reconstruction de l’île en passerait par là ! Et l’État français n’est même pas encore capable de donner à l’heure qu’il est le nombre de morts dans ce qu’il considère comme « un département ». Entre les 39 morts du « bilan officiel » et les premières déclarations du préfet qui parlait de « plusieurs milliers », puis a rétropédalé en disant ne pas pouvoir connaître le nombre de morts ou de disparus, il y a un gouffre. Le même qu’entre les déclarations de Macron promettant le rétablissement rapide de l’eau, de l’électricité, les secours alimentaires aux habitants et l’atroce réalité actuelle. La majeure partie de la population est abandonnée à son sort, les gens ont faim, ils errent dans les ruines, les détritus s’amoncèlent, les maladies se développent.

Mayotte : un concentré du capitalisme

100 000 personnes vivaient dans des bangas (des bidonvilles) avant le cyclone. La plupart ont tout perdu. Beaucoup même préfèrent ne pas aller dans les quelques abris ouverts, par peur d’être raflés par les autorités, qui sont obnubilées par la chasse aux « sans-papiers » sur cette île qu’on a coupée du reste de l’archipel des Comores depuis 1974 par décision coloniale. Au lieu de déployer des milliers de secouristes, de médecins, de logisticiens et d’ouvriers du bâtiment, l’État français a envoyé des renforts de policiers et de gendarmes, des camions militaires et des blindés. Alors que la population n’a rien à manger, les magasins qui ont rouvert en ont profité pour augmenter leurs prix, il faut faire la queue des heures pour un bidon d’essence acheté à prix d’or. La plupart des écoles ne pourront pas rouvrir le 13 janvier, mais, à Mayotte, un enfant sur deux, déjà, n’est pas scolarisé plus de deux jours par semaine. Voilà le sort réservé aux damnés de la terre dans cet archipel comme à des milliards d’autres sur cette planète. Voilà ce qui décuple le bilan catastrophique d’un cyclone.

Il y a décidément urgence à en finir avec un tel système. La force des damnés de la terre c’est notre nombre et notre rôle essentiel dans toute la vie économique et sociale. En nous unissant, en ne faisant confiance qu’à nos propres forces, sans nous laisser ni diviser, ni berner par des sirènes promettant un avenir meilleur dans le cadre du capitalisme, nous pourrons tout changer, enfin !

Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 30 décembre 2024

 

 

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