Nos vies valent plus que leurs profits

L’armée tente de récupérer la révolte à Madagascar

Après la révolte dirigée par les jeunes de la Gen Z Madagascar, le colonel du régiment Capsat, Michaël Randrianirina, le « tombeur » de l’ex-président Rajoelina, s’est fait proclamer président le 17 octobre. Alors que policiers et gendarmes avaient gazé et tiré à balles réelles dans les manifestations, faisant plus d’une vingtaine de morts, l’objectif des chefs militaires est seulement de ramener le calme en comptant sur les illusions que sèmerait un nouveau pouvoir prétendument du côté des manifestants. Mais, symbole du monde des affaires qu’ils comptent servir, c’est Herintsalama Rajaonarivelo, le directeur de la Banque nationale de l’industrie (BNI), appartenant au milliardaire franco-malgache Hiridjee, qui vient d’être nommé Premier ministre.

On prend les mêmes et on recommence ?

En 2009, le même Capsat avait appuyé le renversement du président précédent, Marc Ravalomanana, au profit de Rajoelina, alors maire d’Antananarivo, présenté comme l’homme de l’opposition démocratique.

Quant à la « continuité institutionnelle » garantie par l’armée, elle ne fait que recycler les responsables politiques d’hier. Randrianirina a déjà occupé le poste de chef de région du territoire d’Androy. Le nouveau président de l’Assemblée nationale, Siteny Randrianasoloniaiko, aujourd’hui chef de file du parti social-démocrate, avait siégé au Parlement de 2014 à 2019 dans le groupe parlementaire du parti de Rajoelina. Et parmi les politiciens qui promettent de réformer le régime, on compte l’ex-président Ravalomanana.

Ravalement de façade ou révolte sociale

L’immense majorité de la population vit dans la pauvreté et subit les coupures d’eau et d’électricité à répétition. Dans ce contexte, la Gen Z Madagascar voit bien l’entourloupe : elle a mis à son programme l’accès à l’eau, à l’électricité, la transparence des comptes et la protection de l’environnement. La révolte de la jeunesse a ébranlé le régime. En appuyant les luttes des classes populaires – y compris sur les salaires et le droit à un logement décent, ce qui les touche de plein fouet –, ou en aidant à les faire surgir, elle pourra trouver les moyens de dégager l’ensemble des corrompus, malfrats et exploiteurs.

27 octobre 2025, Arvo Vyltt