En Argentine, le Parti ouvrier fait face aux attaques judiciaires de Javier Milei. Son gouvernement d’extrême droite accuse à tort le Pôle ouvrier (organisation des chômeurs animatrice de blocages solidaires du Parti ouvrier) d’extorsion de fonds alors que celui-ci nourrit des dizaines de milliers de familles de travailleurs chaque jour pendant que Milei s’acharne à appauvrir la population depuis bientôt un an de mandat. Le NPA-Révolutionnaires apporte tout son soutien aux camarades argentins. Nous traduisons ici et transcrivons le communiqué du Polo Obrero et du Partido Obrero.
L’arrêt rendu aujourd’hui par la Cour d’appel fédérale contre les militants du Polo Obrero est un coup porté à la liberté d’organisation et de mobilisation, adapté aux besoins de Bullrich, Milei et Pettovello, responsables du désapprovisionnement massif des comedors (soupes populaires) dans tout le pays. Il ajoute à l’accusation initiale de Casanello les charges d’extorsion et de coercition, un point que le procureur Pollicita a exigé, arguant que sans ces charges, les accusés pourraient « sortir libres avec une mise à l’épreuve ». L’accusation de concours réel de délits vise à alourdir les peines, en ajoutant celles de chacun d’entre eux, afin d’intimider et de frapper une organisation dont la caractéristique a été d’être à l’avant-garde de la lutte contre la faim et l’austérité sous tous les gouvernements du pays.
Le jugement se base sur un montage prétendant que le Polo Obrero était une organisation qui contraignait et extorquait sa propre base, une ligne directe d’incrimination qui crée un précédent très grave pour les organisations sociales et syndicales. La Chambre a décidé d’aller au bout d’une politique qui place l’organisation de mobilisations et le financement d’organisations de lutte dans une illégalité virtuelle, car les éléments de base de toute organisation (la cotisation, l’enregistrement des participants à une mobilisation, l’encouragement à la participation) sont considérés comme des éléments coercitifs, pour la simple raison que les personnes qui se sont mobilisées ont été payées pour un programme social obtenu sur la base, précisément, d’innombrables plans de lutte. C’est pourquoi le ministère du capital se réjouit de cette décision anti-ouvrière.
La Chambre a également décidé de valider l’ensemble des violations des droits de la défense commises par le juge Casanello et le procureur Pollicita. Ainsi, elle a permis le maintien de l’acte d’accusation sans accès aux preuves sur lesquelles se fonde l’accusation, elle a validé le refus du juge d’étendre les déclarations des accusés, elle a validé la dissimulation de preuves dans le dossier, l’utilisation de témoins protégés sans aucun contrôle par la défense de ces témoignages, la dissimulation d’une partie de ces témoignages, bref, tous les éléments mis en œuvre par le juge pour manipuler les preuves et ainsi présenter le Polo Obrero comme une organisation criminelle.
Ces mêmes juges, en revanche, ont à l’époque annulé les poursuites contre les fonctionnaires du gouvernement Macri, Guillermo Dietrich, Nicolás Dujovne et Javier Iguacel, pour les concessions de péages à des entreprises liées à Mauricio Macri. Il s’agit d’un système judiciaire taillé sur mesure pour ses mandants, rappelons que Bruglia et Bertuzzi ont été triés sur le volet par le gouvernement Macri.
Les violations du droit à la défense ont atteint un point tel que la semaine dernière, dans une affaire concernant le Polo Obrero, le tribunal de Casanello a rejeté la présentation des témoins proposés par la défense pour témoigner du fonctionnement interne de l’organisation. Il s’agit d’une décision très grave qui montre comment le tribunal piétine les garanties procédurales.
Le jugement ratifie une fois de plus les mensonges sur la prétendue fraude, ignorant le fait que le Polo Obrero a présenté de nombreuses preuves de la matérialité des achats effectués, de l’utilisation du matériel dans des cours de formation dans tout le pays, du travail dans le textile, le flocage, l’impression, la construction, le sport et la formation professionnelle dans le cadre des conventions collectives, du travail dans les comedors, y compris la construction de 53 foyers, et, en définitive, de toutes les activités réalisées dans le cadre du programme Potenciar Trabajo.
De manière symptomatique, le jugement laisse les fonctionnaires du développement social et les responsables du programme en dehors de toute inculpation possible, exonérant ainsi l’État de sa responsabilité dans la gestion de ses propres fonds, tout en déchargeant tout le poids de la persécution sur ceux qui se chargent d’organiser la lutte pour les demandes les plus urgentes des quartiers les plus exploités du pays.
La défense du Polo Obrero, regroupée au sein de l’Association des professionnels en lutte et dirigée par Liliana Alaniz et Eduardo Penello, fera appel de cette décision, et nous allons approfondir la campagne de mobilisation contre cette persécution. Hier, le Polo Obrero, en collaboration avec le Frente de Lucha Piquetero, a mené une grande mobilisation entre le Congrès et le ministère du Développement social pour exiger la restitution des denrées alimentaires aux comedors. Le plan de lutte du Polo se poursuivra avec de nouvelles actions, montrant que la persécution ne peut pas briser une organisation qui organise les quartiers les plus exploités du pays depuis plus de deux décennies.
Lundi 25 novembre à 13 heures, conférence de presse à Serpaj (Piedras 730, CABA)