Après avoir prédit un flop, même Retailleau a dû reconnaître que le 10 septembre a été un succès. Entre 200 et 400 000 manifestants, parmi eux énormément de jeunes. Et un nombre encore plus important de grévistes dans différents secteurs. En minorité à l’Assemblée, le camp présidentiel est déjà forcé de manœuvrer face à cette contestation partie de la base. De quoi encourager à poursuivre le 18 et après – mais comment ?
Les directions syndicales tentent de reprendre la main
Les confédérations ont plus que fait la moue face à l’appel au 10 septembre. CFDT et FO l’ont combattu en prétextant la récupération de l’extrême droite. La CGT a mollement accompagné, de peur d’être débarquée – mais sans même proposer une manifestation à Paris et à Lyon ! Toutes ont appelé au 18 comme contre-feu au 10. Les directions syndicales vivent de la collaboration de classe, sont jalouses de leur monopole de la représentation des travailleurs et craignent les mobilisations à la base.
Les objectifs que les bureaucraties donnent à la grève sont plus que timorés : elles affirment que « les efforts doivent être partagés » (CFDT) ou demandent à l’exécutif de « s’engager à ne plus passer en force » en ajoutant que « les mots de justice sociale ne doivent plus être un tabou » (CGT). Quand émergent des revendications, elles sont minimales (retour de l’âge de départ à 62 ans) ou biaisées (« organisation d’Assises de l’industrie pour relocaliser l’économie », CGT). Pire, elles sont adressées sous forme de supplique à Lecornu, que Sophie Binet comme Marylise Léon ont accepté de rencontrer.
Faire la grève le 18 septembre et après, ce n’est pas répondre à leur appel mais amplifier le mouvement entamé le 10 septembre !
Il n’y a aucune fatalité à ce que le mouvement soit dominé par ces directions hypnotisées par le prétendu dialogue social. Nous sommes des centaines de milliers, et peut-être des millions, à nous apprêter à entrer en grève et à manifester pour dire stop aux économies sur notre dos et stop à l’offensive patronale. Oui, on veut vivre et pas survivre, et pour ça : système dégage !
Ni les partis de l’Assemblée, ni les directions syndicales ne nous mèneront à la victoire. Syndiqués et non syndiqués, organisons-nous à la base, en assemblées générales (AG), en comités de grève et comités de lutte élus et révocables, coordonnons nos efforts en AG interpros pour prendre en main le mouvement et décider des suites !
16 septembre 2025, Raphaël Preston