Nos vies valent plus que leurs profits

Le 24 décembre 2024, un conducteur de trains est mort au travail


Mardi 24 décembre, notre collègue Bruno, agent de conduite TGV de 52 ans du dépôt de Saint-Étienne, est décédé au travail. Ce qui a aussitôt été présenté comme un suicide a fait la une de nombreux médias. Pensez donc, des heures de retard de TGV Paris-Lyon un soir de réveillon de Noël ! Des enquêtes officielles et réglementaires sont annoncées sur le contexte du drame, mais dans les gares et les chantiers, entre cheminots, l’émotion et les discussions ont été d’une toute autre teneur qu’en haut lieu, hiérarchique ou gouvernemental.

Pour les cheminots, pas de doute : derrière chaque mort au travail, il y a la responsabilité d’une direction d’entreprise et de la société capitaliste. Derrière cet accident mortel au travail (des enquêtes, notamment judiciaires, sont en cours), il y a l’exploitation des conducteurs de train par les patrons du ferroviaire. Il y a les horaires décalés, les congés refusés, même pour enfants malades, faute d’effectifs suffisants. Il y a l’isolement et les responsabilités vis-à-vis de la sécurité. Tout cela pèse. Oui, derrière ce décès, il y a la souffrance de conducteurs qui ne peuvent pas dire à leur direction qu’ils ont parfois un coup de mou ou des pathologies, car la vérité de la dureté de l’exploitation est qu’ils perdraient leur habilitation de conduite, et leur rémunération en changeant d’emploi. Oui derrière ce décès, il y a tous les cheminots qui, même malades, vont au travail pour ne pas perdre d’argent ni être dans le collimateur de leur hiérarchie et d’une médecine de travail pro-patronale. Alors oui, derrière ce décès, il y a toute la responsabilité et les pressions d’une direction d’entreprise qui maltraite et fragilise les travailleurs en ne satisfaisant pas leurs revendications dont beaucoup pourtant n’ont pour but que d’améliorer le quotidien.

Derrière cette mort au travail, il y a aussi les propos délétères du nouveau  ministre du Transport, Philippe Tabarot, tenus dans une officine d’extrême droite, CNews : « Le conducteur a souhaité mettre fin à ses jours dans une démarche solitaire… » Plus loin : « …cela aurait pu être plus grave s’il avait souhaité faire dérailler son train… » Ces déclarations ont profondément choqué.

Non, il n’y a pas eu de démarche solitaire de la part de notre collègue. Bien des cheminots se sont reconnus dans ce qui lui est arrivé. Et c’est une immense perte pour toutes celles et ceux qui connaissaient ce militant fermement engagé, qui se battait contre la société capitaliste. Ces propos du nouveau ministre du gouvernement Bayrou sont calomnieux et ne visent qu’à dénigrer l’ensemble des cheminots.

Car notre collègue était tout le contraire de ce Tabarot et de sa clique gouvernementale au service du capitalisme : un militant de la CGT, syndicat dont il avait été secrétaire chez les cheminots de Saint-Étienne, porteur des revendications de ses collègues et défenseur du droit de grève et du service public.

Les directions de la SNCF vont maintenant tenter de se dédouaner au cours de l’enquête interne menée conjointement avec les organisations syndicales. De réorganisations en réorganisations, la SNCF devient une entreprise privée comme toutes les autres, à la recherche de profits avant tout, où les usagers deviennent des clients, et les travailleurs qui font grève de prétendus irresponsables.

Toutes nos pensées vont à la famille, aux amis, collègues et camarades de Bruno !

Les travailleurs de la branche transport du NPA-Révolutionnaires