Nos vies valent plus que leurs profits

Le capitalisme pense profits, nous pensons besoins

La presse évoque désormais 300 000 licenciements. Des fermetures d’usine sont prévues. Pour les entreprises liées à l’automobile, la raison est toute trouvée : les « donneurs d’ordre » vont fermer des usines dans un avenir proche – moins de commandes, on ferme, on licencie. Quant aux trusts de l’automobile, ils expliquent que la reconversion vers l’électrique nécessitera moins de production. « Donc » on ferme, on licencie.

Pour les capitalistes, tout doit être le plus individuel possible, tant pis pour le gaspillage que cela représente puisque cela élargit les marchés. Il n’y a pas que la voiture individuelle : il faut avoir déjà la trentaine pour se rappeler qu’avant l’ordinateur individuel et le smartphone, il y avait l’ordinateur et le téléphone familiaux. Et avant encore, la cabine téléphonique publique. Le progrès ? Une autre société aurait certainement eu d’autres priorités !

En tout cas, pourquoi pas moins de voitures : circuler tranquillement assis dans un train confortable avec un conducteur ou une conductrice pour un millier de passagers au lieu de nous épuiser le long des routes ou dans les embouteillages, ça nous irait très bien !

Au lieu de fermer des unités de production opérationnelles, avec leur personnel qualifié, on pourrait construire, fabriquer ce qui manque cruellement, comme des bâtiments et équipements pour les hôpitaux ou les écoles. La liste est longue des besoins qui constitueraient autant de débouchés… si c’étaient les besoins qui comptaient dans les choix de production ! À l’époque du Covid, les entreprises automobiles avaient parlé de fabriquer les respirateurs qui manquaient dans les hôpitaux. Elles n’avaient rien fait de sérieux, mais c’était tout à fait concevable d’un point de vue industriel.

En 2022, Macron lançait : « La France doit passer en économie de guerre. » Depuis, il a mis sur la table un plan pluriannuel de plus de 400 milliards et les quelque 4 000 entreprises qui travaillent pour la défense se sont lancées à plein régime. Les missiles sol-air prévus pour 2026 sortiront avant la fin 2024 et la production sera multipliée par trois dès l’an prochain. Les canons Caesar s’assemblent désormais en dix-sept mois au lieu de trente-six et seront livrés à raison de six par mois au lieu de deux. Les effectifs du spécialiste des missiles MBDA sont passés de 2 200 à plus de 5 000 en région parisienne.

Réorienter rapidement la production, les ingénieurs savent faire. Et, pour satisfaire leur « besoin » de guerres, les États bourgeois savent prendre les choses en main.

Un État des travailleurs le saurait aussi, pas pour satisfaire les besoins nuisibles qu’engendre cette société, pas pour satisfaire les appétits de quelques-uns, mais pour répondre aux besoins collectifs. La difficulté n’est pas technique, elle est de renverser le capitalisme !

26 novembre 2024, Jean-Jacques Franquier