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Le choc des savoirs du gouvernement d’Emmanuel Macron est un séisme pour l’Éducation nationale et le personnel qui y travaille !

Dans les collèges, il faudra mettre en place à la rentrée 2024 des groupes de niveau en maths et en français : des groupes de « faibles », de « moyens » et de « forts ». Bonjour la stigmatisation !

Le groupe des faibles serait officiellement limité à 15 élèves. Mais, contrairement aux gouvernants qui n’ont jamais été devant des élèves, les professeurs savent très bien que 15 enfants peuvent rencontrer des difficultés très différentes, des troubles du comportement, des situations de handicap, des situations de décrochage… Ce qui demande des adaptations très diverses. Les enseignants et enseignantes ne pourront pas faire face à tous les problèmes et avanceront bien moins vite.

Les études montrent bien que ce n’est pas en faisant des groupes de niveau qu’on arrive à aider les élèves et à les faire progresser, c’est au contraire avec plus de mélanges… Et avec des plus petits effectifs pour toutes les classes.

Qui peut croire que le but de Macron, Attal et Oudéa-Castéra est la réussite de tous les enfants ?

Dès la 6e, dire à un élève qu’il est « faible » dans une des matières principales engendrera un stress important pour les élèves. Cela créera des situations de tension entre les professeurs et les parents qui ne voudront pas que leur enfant soit catégorisé dès l’arrivée en 6e, et à juste titre !

En réalité, les élèves qui auront été placés dans le groupe « faible » en sixième auront toutes les chances d’y rester jusqu’à la fin du collège… Et ne prépareront pas le brevet et le passage au lycée comme les autres. C’est bien un collège à plusieurs vitesses qui se prépare : cette contre-réforme annonce la fin du collège unique. Une ségrégation qui sera avant tout sociale : ce n’est pas dans les établissements privés du 6e arrondissement de Paris qu’on rencontrera les élèves en grande difficulté !

Concernant les emplois du temps, comme les groupes de niveau devront être positionnés en même temps cela engendra des contraintes très importantes. Cela signifiera donc des emplois du temps très lourds pour les élèves et pour les professeurs.

Par ailleurs, la mise en place de ces groupes, mélangeant des élèves issus de différentes classes, va casser le collectif de la classe, et risque de perturber des élèves en besoin de repères. La réforme du lycée a montré les effets délétères pour les élèves de ces dispositifs. Et pour les enseignants, cela rendra beaucoup plus difficile le travail de suivi. Les professeurs de maths et de français qui n’enseigneront qu’aux groupes ne connaitront donc plus les classes – alors que ce sont des horaires conséquents dans la semaine ; et lors des conseils de classe, il sera très difficile pour le professeur principal de suivre les évolutions des élèves dans ces disciplines, puisqu’ils seront disséminés dans des groupes différents selon leurs niveaux. Tout cela contribuera à la déstabilisation et augmentera le stress des élèves, particulièrement ceux qui sont le plus en difficulté.

Et avec quels moyens le gouvernement compte-t-il mettre en place ces groupes ? Selon le SNPDEN, syndicat des chefs d’établissement, il faudrait 19 000 postes supplémentaires. Le gouvernement n’a annoncé que 830 postes dédiés à ce dispositif. Dans beaucoup de collèges, les professeurs devront choisir entre la peste et le choléra : maintenir des classes à moins de 30 élèves ou garder des demi-groupes pour travailler en petits effectifs, pour faire de l’oral en langues, des expériences dans les matières scientifiques, travailler les méthodes dans toutes les disciplines…

Mais pour recruter, il faudrait donner envie de travailler dans l’éducation. Et entre des conditions de travail toujours plus dégradées et des salaires qui décrochent toujours face à l’inflation, difficile de trouver la vocation. Pour rétablir le pouvoir d’achat d’un enseignant ou d’une enseignante de 1990, il faudrait que la carrière débute à 3 500 euros brut et s’achève à 7 000 euros. Force est de constater qu’on est loin du compte ! L’année dernière, le gouvernement a lancé un « Pacte », censé revaloriser les revenus et même attirer de futurs professeurs, mais il est conditionné à toujours plus de missions, de flexibilité et de management des chefs d’établissements.

Nous avons d’innombrables raisons d’être en colère. Le 1er février est une journée de grève nationale dans l’éducation. Il faut se saisir de cette date partout pour dénoncer le « choc des savoirs », mais aussi pour préparer la bagarre dans nos écoles, nos collèges et nos lycées contre les nouvelles baisses de moyens pour la rentrée 2024. Il faut utiliser cette date pour réunir les collègues en assemblées générales, discuter des suites, nous adresser aux parents d’élèves, participer ensemble aux manifestations et montrer la colère de notre profession contre toute cette politique dégueulasse, qui casse aussi bien nos conditions de travail que les conditions d’études et l’avenir de nos élèves.

Pour refuser la casse de l’éducation publique, organisons-nous !

Marine Azua