La Fête de l’Humanité a été un vrai succès avec 450 000 participants. Beaucoup de monde attiré par les concerts, mais aussi un milieu large de jeunes étudiants ou travailleurs qui se politisent pour faire face à la montée de l’extrême droite, aux régressions sociales et au chaos guerrier. Le NPA-R y a tenu un stand pour défendre une politique aux antipodes des impasses institutionnelles que mettent en avant les organisateurs du PCF et leurs alliés du NFP.
Face au gouvernement Barnier, otage consentant du RN, Fabien Roussel du PCF a choisi de manier le double sens complice en posant des conditions qui lui permettraient de devenir ministre du Travail – avant d’accepter une invitation à Matignon le lendemain. Sophie Binet de la CGT a animé un débat avec le patron du Medef pour vanter le « dialogue » entre exploiteurs et exploités. Qu’y a-t-il à discuter avec un gouvernement de vieux réacs de la Manif pour tous et de jeunes loups décidés à accélérer l’offensive patronale ?
Dominique de Villepin, en guest star, a volé la vedette à Lucie Castets. La réforme des retraites de 2003, la mort de Zyed et Bouna et l’état d’urgence contre les réactions de colère qui ont suivi en 2005, le CPE en 2006, les crimes de la Françafrique : tout est pardonné ? Il suffit donc à un homme de la droite patronale de dire, sans que cela ne prête à aucune conséquence, que la gauche aurait dû avoir droit au poste de Premier ministre, pour qu’il devienne… un candidat potentiel ? En tout cas, cela mérite apparemment que l’appareil du PCF organise la claque pour le recevoir comme un invité de marque.
Du côté de la FI aussi les logiques institutionnelles prévalent. Les manifestations du 7 septembre, organisées pour supplier Macron de nommer une Lucie Castets pourtant tout à fait claire sur le fait qu’elle était prête à tous les compromis pour gouverner au service du patronat, se sont heureusement transformées en démonstration de colère contre le Premier ministre tout juste annoncé. Les marches du 21 septembre, appelées sous le mot d’ordre illusoire de « destitution », une nouvelle procédure parlementaire qui n’a aucune chance d’aboutir, ont été un flop total.
Lors du meeting sur notre stand, nos porte-parole Armelle, professeure des écoles, et Maria, factrice, ont rappelé l’actualité brûlante, loin des joutes parlementaires : la Palestine, les salaires, les licenciements, l’accès aux services publics d’éducation ou de santé. Il s’agit non seulement de préparer les mobilisations à venir mais aussi d’éviter qu’elles soient canalisées dans des impasses institutionnelles. La question centrale est d’arracher la direction des luttes aux appareils de la gauche syndicale et politique revigorée, mais dont la politique les mène dans le mur – c’est ce que nous discutons et préparons avec tous ceux qui partagent ces préoccupations.
Nos porte-parole jeunes, Raphaëlle et Victor, ont souligné la forte curiosité politique et les nombreuses interrogations d’une fraction de la jeunesse qui cherche une issue face à la misère et à l’exploitation, aux guerres, au saccage de la planète, à la persistance d’un racisme et d’un sexisme d’un autre âge… Pour renverser cette société et changer le monde, les bulletins de vote sont impuissants, mais pas nos luttes et nos révoltes, jusqu’à la révolution.
Raphaël Preston