Le nouveau président de l’organisation patronale UTPF et de Transdev a une rentrée chargée : après avoir paradé à la fête de l’Humanité, Thierry Mallet définissait début octobre les grandes orientations du secteur. Il aura pu prendre son temps, la valse des gouvernements n’est peut-être pas terminée… Quoi que, le LR Tabarot semble bien accroché au maroquin, auteur d’une loi sécuritaire qui « renforce les pouvoirs des agents de sécurité interne aux opérateurs », il était des trois éphémères derniers gouvernements !
Plus surprenant à première vue, l’UTPF propose une augmentation du fameux versement mobilité, une taxe sur les entreprises de plus de onze salariés qui permet le financement du transport public. Comprise entre 0,55 et 2 % de la masse salariale (fonction globalement de la taille des agglomérations), cet impôt ne met vraiment pas en danger les entreprises, et encore moins les plus grandes. Par ailleurs, elles profitent toutes largement des infrastructures de transport collectif pour amener les salariés au travail… Un patron qui demande l’augmentation d’un impôt, surprenant ! Qu’on se rassure, Mallet ne demande en réalité que la mise en conformité du dépassement du plafond maximal de 2 % entre la région parisienne (qui peut le dépasser) et le reste du pays.
Une mesurette hypocrite donc, bien loin de ce qu’il faudrait pour développer les réseaux… Pour atteindre cet objectif, et ainsi répondre à l’urgence climatique, il faudrait en effet prendre davantage d’argent là où il est, dans les poches du patronat. La préoccupation du patronat du transport consiste plutôt à attaquer les salaires et les conditions de travail (souvent avec la complicité des bureaucraties syndicales), pour organiser une pseudo-concurrence soi-disant bénéfique au développement de l’offre de transport. Décidément, c’est bien aux travailleurs (en premier lieu du transport, qui connaissent leurs métiers) que devrait incomber l’organisation d’un transport collectif massif, fiable et gratuit.
14 octobre 2025, Philippe Cavéglia
