Le 29 février dernier, Marine Le Pen publiait une tribune dans le journal Les Échos avec la bénédiction du propriétaire du journal, le multimilliardaire Bernard Arnault, l’homme le plus riche du monde. Cette tribune intitulée « Face au mur de la dette, l’urgence d’une stratégie nationale » aurait pu être signée par Édouard Philippe ou par les Républicains, qui jugent eux aussi que l’ambition affichée par le clan Macron de réduire le déficit du pays à 3 % du PIB en 2027 n’est pas encore assez forte !
Le grand patronat n’a pas d’inquiétude à se faire : la politique qui consiste à tailler dans les budgets publics et les dépenses sociales pour l’arroser de milliards sera bien poursuivie par Le Pen si le RN arrive au pouvoir dans les prochaines années. La « rupture avec le système » que mettait en avant le Front national des années Le Pen père, c’est décidément du passé. Ce qui reste toujours valable, par contre, c’est la stigmatisation des « étrangers » et des « assistés » qui coûtent cher à la nation et pour lesquels les prestations sociales seraient carrément supprimées… Macron, Attal, Darmanin auront préparé le terrain.
C’est aussi sur le terrain de la respectabilité institutionnelle que laboure frénétiquement le RN depuis l’élection de ses 88 députés en 2022. Avec près de 300 « collaborateurs » payés par les deniers de la République, les députés du RN quadrillent leur circonscription, des fêtes de village aux cérémonies préfectorales, en passant par les visites « buvette et repas gratuit » à l’Assemblée nationale. Les idées racistes n’empêchent ni la notabilité ni l’intégration dans l’appareil d’État bourgeois, d’autres l’ont déjà largement prouvé !
Cet article est paru dans un dossier du numéro 14 de Révolutionnaires.
Sommaire du dossier
Face à l’extrême-droite et aux politiques patronales qui lui pavent la voie
Reprendre le chemin des luttes pour une société débarrassée de l’exploitation et des oppressions
- De la démagogie « antisystème » à la défense servile des riches une fois au pouvoir
- Le Pen prête à gouverner… au service des grands bourgeois !
- Rassemblement national et abstention : les travailleurs n’attendent pas grand-chose des élections !
- L’extrême droite et le grand patronat : une « love story » européenne
- États-Unis, Brésil : le rejet par les classes populaires des partis institutionnels, carburant de l’extrême droite
- Contre l’extrême droite, commencer par rassembler les travailleurs sur le terrain des luttes sociales