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Le plan d’Israël pour Gaza : poursuivre la guerre, même après la guerre

Gaza, 4 janvier 2024, YAIRFRIDMAN2003

La guerre menée par Israël à Gaza a déjà fait plus de 24 000 morts. En guise de vœux pour 2024, Netanyahou a annoncé que la guerre se poursuivra encore de longs mois, voire un an.

Voilà qui relativise le fameux plan pour l’après-guerre présenté par le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant. Dans un an, où en sera Gaza, déjà en ruines, où 80 % de la population, soit 1,8 million d’habitants, a dû fuir son domicile ? Près d’un million de personnes s’entassent dans les abris surpeuplés installés par l’Office de l’ONU pour les réfugiés au sud de Gaza (UNRWA). Le nord est déjà en partie rasé, et Israël annonce que son armée va maintenant intensifier ses opérations sur le sud.

De plan, Israël n’en a pour l’instant que pour la poursuite de sa guerre. Si le plan pour l’après-guerre révèle quelque chose, c’est surtout l’état d’esprit des dirigeants israéliens. Il ne leur suffirait pas, comme ils le prétendent, de détruire le Hamas. La vraie menace qu’ils craignent, c’est la révolte du peuple palestinien. Elle est le produit d’une d’oppression que toute la politique d’Israël depuis sa création n’a cessé d’aggraver.

Alors le plan présenté par l’ex-général devenu ministre n’est que celui de savoir quel appareil policier, quelle force militaire maintenir sur place à Gaza quand on arrêtera la guerre. On n’y mettrait pas d’autorité civile israélienne, dit-il. Il faudrait donc trouver une autorité palestinienne, mais à condition qu’elle ne manifeste aucune hostilité à Israël, précise-t-il. Ce qui ne sera pas une mince affaire quand on songe que l’Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas est complètement discréditée auprès de la population palestinienne ! Mais, surtout, l’armée israélienne resterait et garderait toute « sa liberté d’action » sur le territoire.

À quoi s’ajoute, pour l’administration de la bande de Gaza, la proposition de se faire aider par une « force internationale » qui se chargerait de la reconstruction de tout ce qui a été détruit, c’est-à-dire à peu près tout, et en distribuerait la tâche (ou le marché ?) « aux agences internationales qui souhaitent y apporter de l’aide ». Une force internationale qui, selon le général-ministre, devrait être mise en place par les États-Unis, les États européens et des États arabes « modérés ».

En attendant la guerre continue. Et l’extrême droite israélienne en rajoute : elle voudrait carrément vider Gaza de sa population pour y installer des colonies israéliennes. C’est ainsi que la ministre israélienne des Renseignements, Gila Gamliel, a déclaré que « la migration volontaire est le meilleur programme, le plus réaliste ». Une migration rendue « volontaire » à coups de bombardements !

Épuration ethnique, génocide, comment qualifier autrement cette politique ? Mais quand le gouvernement d’Afrique du Sud, un pays qui a connu l’apartheid et les ghettos, décide de traîner Israël devant la Cour internationale de justice pour « comportement génocidaire », c’est l’émoi du côté des gouvernements de toutes les grandes puissances. Même si le geste n’est que symbolique et qu’il n’y a rien à attendre d’une telle cour.

Dimanche 14 janvier, centième jour de la guerre, Netanyahou a répliqué : « Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l’axe du mal, ni personne d’autre. » Personne, sauf la colère des peuples si elle commençait à devenir trop dangereuse pour lui. Et qui sait si, en Israël même, l’infime minorité des Israéliens qui affirment leur opposition à la guerre ne pourrait pas finir par grandir.

C’est en tout cas notre tâche à nous, que de manifester notre opposition à la guerre et notre soutien au peuple palestinien, pour mettre en difficulté nos propres gouvernements qui soutiennent Israël et pour contribuer à donner du courage à tous ceux qui là-bas s’opposent à sa politique.

Mona Netcha

(Article paru dans Révolutionnaires, numéro 9, janvier 2024)