Nos vies valent plus que leurs profits

Le salon du Bourget : vitrine des marchands de canons

Tous les deux ans, nous subissons à cette période le même ballet des avions en démonstration dans le ciel de Dugny et du Bourget. Le lycée Germaine-Tillon du Bourget qui organisait son épreuve de philo sous la canicule et sous des rafales jeudi 19 juin, les collèges Didier-Daurat et Jean-Baptiste-Clément, les écoles maternelles et primaires du bassin, nous sommes tous à la même enseigne : une trentaine d’essais aériens par jour pendant deux semaines de répétition puis de démonstrations publiques de toutes sortes de zincs pétaradants.

En plus, avec toutes les grosses légumes des chancelleries et armées du monde, la valse des politiciens et des industriels, la préfecture met en place un dispositif de circulation ultra contraignant sur la zone autour du salon, ce qui rend interminables tous les temps de parcours.

Ces nuisances sont en soi d’autant plus intolérables qu’elles s’imposent aux riverains et aux écoles sans leur demander leur avis, et au seul bénéfice des industriels de l’armement. Car, en effet, même si le salon du Bourget se targue d’être la grande halle mondiale de toute l’aviation, ce sont bien des commandes d’engins de mort et de missiles qui sont massivement signées.

Parmi les modèles en exposition, on compte tous les flingues volants, Rafale, F35 et autres joujoux de mort qui s’exhibent à destination de juteuses et sanguinaires commandes avec des piqués, retournés et loopings qui pointent à 100, 110 décibels, et peut-être même davantage selon certaines configurations. C’est assourdissant !

D’ailleurs les écoles du Bourget et de Dugny touchent une subvention qui a été estimée à hauteur de 250000 euros de la part du Salon du Bourget. Ainsi, tous les deux ans, les organisateurs « offrent » déplacements et sorties scolaires aux élèves de la dizaine d’écoles concernées pour échapper au chambard des avions. L’importance de cette somme d’argent nous écœure car elle est astronomique, mais n’est ici qu’une broutille, pour cette poignée d’industriels afin de s’acheter le droit d’embrouiller le ciel pendant 15 jours, et qu’on les laisse faire. Mais au regard des budgets de l’éducation, c’est une mise en lumière désolante de la différence de moyens entre les investissements de l’industrie d’armement et la pauvreté des dépenses pour l’éducation. Et cette comparaison nous met en colère.

C’est pourquoi, les enseignants et surveillants du collège Didier-Daurat ont décidé de faire grève jeudi 19 juin. Nous rejoignons le mouvement intersyndical et la semaine d’action contre le salon du Bourget en faisant cette journée de grève qui a mobilisé douze collègues sur les cinquante de l’équipe. Et nous entendons participer à la manifestation appelée par le collectif Anti-Guerre, démarrant à 13 heures de la bourse du travail de Bobigny samedi 21 juin.

Nous nous rendrons à la manifestation malgré la tentative scandaleuse de la préfecture de l’empêcher et d’intimider les opposants par une intrusion de la Brav-M dans les locaux de la bourse du travail au beau milieu de l’AG des Anti-Guerre. Intrusion qui s’est achevée par la confiscation de ballons, de sifflets et de banderoles. Que des armes de destructions massives !

21 juin 2025, Correspondante