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Le sionisme, une politique à l’origine d’une guerre sans fin

« Nous sommes le peuple de la lumière, eux sont celui des ténèbres » : cette déclaration de Netanyahou illustre une rhétorique propre au projet politique qu’on appelle le sionisme, à savoir l’idée ségrégationniste de fonder un État juif.

Aux origines du sionisme

À la fin du 19e siècle, la population juive subissait un antisémitisme grandissant en Europe1. Beaucoup de Juifs étaient alors conscients que leur émancipation était inséparable de la lutte des classes pour le socialisme. En Europe de l’Est, le Bund (ou Union générale des travailleurs juifs) organisait plus de 30 000 ouvriers juifs.

En opposition aux partis ouvriers, le sionisme revendiquait un État exclusif pour les Juifs. Dès le premier congrès sioniste en 1897, ses dirigeants ont systématiquement encouragé la colonisation de la Palestine, après avoir hésité sur le lieu.

Un mouvement qui se développe sous la protection de l’impérialisme britannique

Le Royaume-Uni promit dès 1917 de favoriser l’établissement d’un « foyer national juif ». L’action des sionistes consistait à exclure les paysans arabes de leurs exploitations après avoir racheté des terres aux propriétaires féodaux. Ben Gourion, secrétaire général du syndicat Histadrout, déclarait : « Nous sommes ici pour établir une patrie de travail pour le peuple juif. »
Les sionistes se transformèrent très rapidement en supplétifs de l’impérialisme britannique : durant la grande révolte arabe de 1936-1939, leur milice paramilitaire, la Haganah, aida à la répression.

La naissance dans le sang de l’État d’Israël

En 1939, les États-Unis fermèrent leurs frontières aux réfugiés du nazisme. Dans le même temps, la puissance coloniale britannique restreignit l’immigration juive en Palestine. Une politique qu’elle poursuivit après la Seconde Guerre mondiale. Les sionistes menèrent alors une guérilla pour la constitution d’un État juif. Des milices sionistes d’extrême droite comme l’Irgoun2 décidèrent de terroriser la population palestinienne pour provoquer son exode en massacrant des villages entiers, comme celui de Deir Yassin en avril 1948.

L’État d’Israël, fondé en mai 1948, n’a cessé depuis cette date d’imposer un état de guerre permanent à sa propre population. En imposant un apartheid au peuple palestinien, il n’a offert à la population juive que des décennies d’affrontements et d’insécurité, d’embrigadement nationaliste et militariste.

Un expansionnisme exacerbé

Pendant longtemps, le sionisme a cherché à s’affubler de valeurs « de gauche » via des organisations comme le Parti travailliste. Mais la politique expansionniste de l’État d’Israël s’est confirmée en 1967 avec l’occupation de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et du plateau du Golan. Après la Guerre des Six Jours de 1967, les premières colonies de peuplement furent créées dans les territoires occupés, avec leur cortège d’expulsions. Cette politique s’est accélérée après l’arrivée au pouvoir du Likoud en 1977 et n’a pas cessé avec les accords d’Oslo de 1993.

Netanyahou, à la tête d’un gouvernement d’extrême droite, a intensifié cette politique. En 2018, la « loi Israël, État-nation du peuple juif » a officialisé un système faisant des Arabes israéliens des citoyens de seconde zone. Quant au rythme de la colonisation, il a explosé, augmentant de 42 % depuis 2010, et atteignant le chiffre de 700 000 colons.

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a récemment affirmé que « les Palestiniens n’existent pas parce que le peuple palestinien n’existe pas » : des propos qui s’inscrivent dans la trop longue histoire du sionisme, qui a fait d’un peuple le geôlier d’un autre.

Martin Eraud

 

 


 

 

Cet article a été publié dans le numéro 7 de Révolutionnaires, dans le cadre d’un dossier sur la Palestine.

Sommaire du dossier sur la Palestine du numéro 7 de Révolutionnaires

 

 


 

 

1 Sur le rôle du capitalisme dans l’oppression des populations juives en Europe, voir les analyses du militant trotskyste Abraham Léon, mort en 1944 à Auschwitz, dans La conception matérialiste de la question juive (1942), Paris, Entremonde, 2018.

2  L’Irgoun, à partir de 1943, était alors dirigée par un certain Menahem Begin, futur Premier ministre israélien en 1977. Membre de l’organisation sioniste « révisionniste » d’extrême droite Betar, il prit en 1943 la tête de l’Irgoun et organisa près de 300 exactions, dont l’attentat de l’Hôtel King David de Jérusalem en 1946, qui fit près d’une centaine de victimes. Son rôle dans les exactions contre les Palestiniens et dans le massacre de Deir Yassin n’empêcha pas les membres du comité Nobel de lui attribuer le prix Nobel de la paix en 1978, après avoir signé les accords de Camp David entre Israël et l’Égypte sous égide américaine. L’évolution du sionisme vers l’extrême droite n’est pas une rupture avec l’histoire de ce mouvement.