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Lecornu… ça pue !

S’il est impossible de prédire si Lecornu aura un grand avenir à Matignon, un petit retour sur son passé déjà bien rempli de politicien bourgeois réactionnaire est très instructif.À 39 ans « seulement », celui qui est ministre de Macron depuis 2017 est très vieux dans sa tête depuis longtemps, si on en juge ses prises de position homophobes récurrentes. Opposé au mariage pour tous en 2012, car « le communautarisme gay [l]’exaspère autant que l’homophobie », il refusait également l’ouverture de l’adoption pour les couples de même genre et défendait qu’ « une famille se construit entre un homme et une femme ».

Après avoir fréquenté le lycée privé catholique Saint-Adjutor de Vernon dans l’Eure, hésité entre une carrière militaire et une entrée dans les ordres monastiques, fait son droit à l’université d’Assas, Lecornu a endossé directement la carrière politique dans les sphères de la droite euroise, au début des années 2000, alors cornaquée par Bruno Le Maire. Après différents postes d’assistants parlementaires, il est devenu maire de Vernon en 2014, puis conseiller départemental de l’Eure où il a mis en avant « la chasse aux fraudeurs du RSA ». Il a également procédé à la fermeture de deux collèges en éducation prioritaire, qu’il a justifiée par leur « taux de remplissage trop faible ». En 2017 il était directeur adjoint de la campagne de François Fillon… qu’il a abandonné dès que le scandale « Pénélope » a éclaté. Puis, comme son ami Darmanin il a été exclu des Républicains après avoir intégré le premier gouvernement nommé par Macron en 2017.Ainsi a commencé sa carrière ministérielle ininterrompue : Écologie, Collectivités locales, Outre-mer… tout en cumulant avec son poste de président du Conseil départemental de l’Eure, mais aussi avec un poste rémunéré au sein du conseil d’administration des autoroutes de Paris-Normandie. Entre le béton et l’écologie, il aurait pourtant fallu choisir… quoique ? Il a fait ouvrir la centrale de Flamanville et le centre d’enfouissement des déchets de Bure et il promeut la chasse, dont il est un adepte régulier… Adepte aussi de réunions secrètes régulières avec Marine Le Pen, révélées en 2024 par Libération, que Lecornu a niées… mais pas Le Pen, qui le trouve « sympathique ».

Colonel réserviste de la gendarmerie nationale, c’est au poste de ministre des Armées qu’il semble avoir atteint le summum du contentement à partir de 2022 : « ces questions me passionnent. J’ai de l’énergie à revendre à ce ministère », confiait-il encore le 30 août dernier au journal Le Parisien… Proposer le poste de Premier ministre à un tel personnage n’est pas seulement une provocation de plus de Macron. C’est un blanc-seing délivré pour une politique totalement compatible avec l’extrême droite.

Marie Darouen